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Monday, August 29, 2005

HAITI PEUT SORTIR DE L’HUMANITAIRE – PLAIDOYER POUR UN AGENDA NATIONAL DE DEVELOPPEMENT

L’année 2004 a été particulièrement éprouvante pour le peuple haïtien. En plus de soubresauts politiques sous fond de chaos social, il a fallu faire le bilan et constater la profondeur du mal être haïtien, deux cents ans après la fondation d’une jeune République fière et rebelle qui réclamait sa place dans le concert des nations.

En raison d’une histoire fébrile et traumatique faite de guerres civiles et de la succession de régimes autoritaires, la première République noire offre l’image d’une société économiquement ruinée, affligée en plus d’une terrible crise des valeurs morales. Comme dit le poète, « ici on va à la mort par habitude ». ‘’L’Etat faible’’ et la société tout entière sont les otages du crime organisé. Que faire ? Attendre les élections en se donnant bonne conscience dans l’espoir chimérique qu’un pays ne meurt jamais ou examiner sans complaisance notre mal et chercher, avec la communauté des citoyens, les moyens de sortir du marasme économique et, de l’assistance humanitaire pour entamer le développement durable.
Une analyse des problèmes posés par Haïti révèle une complexité qui ne participe certes pas uniquement de l’économique même si, comme le pensent nombre de citoyens dans la ville, il faut injecter du raisonnement économique dans la vie politique. Ainsi nous sortirions le débat politique de sa stérilité habituelle pour l’engager vers la recherche d’un véritable projet de société.

Parmi les nombreux facteurs responsables du blocage de notre pays, nous pouvons citer rapidement : une méfiance sociale plus ou moins entretenue qui gêne tout projet de constitution d’un Etat-nation, un Etat faible condamné à se reproduire qu’aucune force sociale n’est parvenue jusqu’ici à transformer. Le pouvoir Lavalas qui présentait une masse critique capable de bouleverser les structures surannées et défaillantes du dit Etat s’en est malheureusement trop accommodé. Et enfin, une résistance au changement de la part de certaines clientèles sociales et politiques qui croient qu’il existe une particularité haïtienne et que rien ne doit changer sous le soleil.

La volonté de moderniser la société haïtienne si elle est encore confuse est pourtant présente dans le corps social haïtien. Que faudrait-il au peuple haïtien pour y arriver ? Réaliser l’unité historique de peuple contre la classe traditionnelle du pouvoir d’état dont parlait Marcel Gilbert, un parti de masse encadré par des intellectuels organiques avec une vision stratégique des objectifs à atteindre comme le pensait Jean Dominique ou le grand dialogue national pour une mise en perspective de notre avenir de peuple comme le souhaite un large courant de l’opinion aujourd’hui…

Toutes ces idées et d’autres projets de société qui dorment dans les cartons de nos partis méritent d’être analysés ; seulement le débat doit être entrepris en profondeur en dehors de tout clin d’œil politicien. La vocation de l’élite n’est-elle pas d’étudier toutes les voies pouvant nous aider comme disait un homme politique et économiste haïtien, à « penser notre développement ». Mais nos élites sont aujourd’hui tiraillées et perdues entre un libéralisme bon chic bon genre et un marxisme d’un autre âge, quand ce n’est pas l’effondrement d’un espoir nourri en 1991 et le « bilan », pour emprunter le titre de la chanson de Ferrat, catastrophique des ‘’illusions’’ de la Gauche qui les plonge dans la déprime. Elles sont de plus, dangereusement réduites de nos jours, avec la baisse accablante du niveau de l’éducation au pays.

Un dernier élément du mal être haïtien est ce que j’appellerais la politique-spectacle. C’est à dire un show médiatique permanent de certains acteurs politiques mais qui n’a de prise réelle sur la vie du peuple haïtien. En Haïti, la politique se fait trop souvent dans les médias et les partis politiques censés être des instruments de changement sont faibles et mal outillés conceptuellement pour porter les espérances démocratiques du peuple. Il en résulte un discours pathétique ou certains intervenants se répètent, les déclarations se ressemblent et le langage devient posture pour la consommation à des fins politiciennes ou évènementielles. En dehors du courage incontesté et incontestable de nos hommes politiques et de tous ceux qui ont su prendre des risques pour leur pays, il reste que la vie politique haïtienne souffre terriblement d’un problème de perspective, de projets pour l’avenir d’Haïti et pourtant on en parle depuis après le 7 février 86. Des efforts sont quand même à signaler, la presse écrite entreprend d’étoffer ses colonnes d’éditoriaux et d’articles de fond, alors que les médias électroniques renouent de plus en plus avec un journalisme d’investigation ou veulent aller « pifon pi lwen ». Ce n’est pas par hasard que cela soit encore la presse qui donne le ton dans la recherche de solutions au syndrome démocratique haïtien, si elle est de plus en plus influencée par les shows à l’Américaine et le just in, l’actualité brûlante à chaud, elle tente aussi de temps en temps la mise en perspective qui nous fait défaut.

STRUCTURONS NOS PARTIS POLITIQUES

L’absence d’institutions fait le nid des dictateurs, il importe donc que nous renforcions nos partis de manière à ce qu’ils soient porteurs des changements annoncés, tout au plus que nous puissions choisir en connaissance de cause : quelles sont, par exemple, les réponses qui seront apportées par telle formation politique à la problématique de l’insécurité, à la gestion de nos villes qui éclatent, au défi que posent les milices d’enfants, la banalisation de la violence dans nos familles et nos rues ? Et puis la mondialisation et ses corollaires économiques et culturels, la compétence de nos fonctionnaires pour que nous cessions de dire que nous ne pouvons pas absorber l’aide alors que nous sommes désespérément pauvres, la représentation des partis politiques, sont autant de thèmes capables d’enrichir le débat politique.

A propos de la représentativité, il faut encourager les initiatives de regroupements, d’alliances qui se traitent aujourd’hui sur le terrain politique et saluer les efforts des partis membres du comité de suivi qui sont intervenus à chaque fois pour éviter l’éclatement de certaines institutions importantes pour notre pays. Cela prouve tout simplement que nous sommes capables entre haïtiens de faire certains compromis dans l’intérêt commun. Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, c’est néanmoins un bon signe.

2005 est censé être l’année des élections mais pour y arriver, il faut « arrêter l’hémorragie », c’est à dire parvenir à l’apaisement social et à la stabilité nécessaire au débat sur l’avenir d’Haïti.

Le débat pourrait s’articuler autour d’un projet de construction nationale qui émanerait d’une conférence nationale et ou d’une proposition de contrat social pour vivre ensemble et bâtir Haïti. Car il faut en effet bâtir un état qui puisse offrir aux citoyens des services sur une base performante et régulière, par exemple : l’eau, le gaz, l’électricité, le service contre les incendies, la sécurité, des écoles publiques d’excellence, de même que des hôpitaux. A ce propos on pourrait se poser la question pourquoi à L’HUEH se répètent tout le temps les mêmes problèmes et ceci sur plusieurs gouvernements.

Le nouvel Etat d’Haïti devra décentraliser de manière active en fournissant l’assistance technique aux mairies et aux régions pour leur permettre de gérer leurs budgets et réaliser des projets de développement intégrés. Il existe d’excellentes études déjà conçues autour de cette problématique et qu’il faudra enfin mettre en application. Pourquoi ne pas faire de Jacmel et du Cap deux grands pôles touristiques, développer un réseau d’hôtels de plages dans le sud. Transformer l’île de la tortue en un lieu de tourisme historique. Faire des Gonaïves une cité universitaire autour de son école de droit jadis passablement réputée. Les Cayes et sa région pourraient être consacrées à l’agro-industrie. Le centre pourrait être doté de deux grands centres hospitaliers avec l’aide de nos médecins en diaspora sur un modèle déjà existant.

La lutte contre la pauvreté ne doit pas demeurer un slogan dans un état de droit car la pauvreté tue les libertés.

En ce sens, que le citoyen pauvre vit en marge de la société et n’a pas accès aux services auxquels sa dignité d’homme lui donne droit. L’éducation est un luxe pour lui, ne parlons pas de loisirs et il meurt avant tout le monde. Aller chez le médecin demeure une alternative ultime qui se produit souvent trop tard.

Les masses appauvries n’ont pas beaucoup de choix que de servir de troupes de chocs à des politiciens habiles, de clientèles à des barons de la drogue et d’autres brasseurs d’affaires. Ce qui à très court terme détruit la vitalité de tout un peuple et peut précipiter toute une nation dans les ‘’Abymes‘’ profonds de l’exclusion. Notre pays serait en voie de devenir une société mis au banc des nations, nous sommes déjà catégorisés ‘’fail state‘’, après avoir été le ‘’laboratoire’’ du sous-développement, ‘’l’Etat faible’’, nous pouvons continuer notre chute dans l’innommable, si nous ne faisons pas ce réveil citoyen et si nous ne pensons pas l’économie haïtienne comme un moyen de rétablir le citoyen dans ses droits inaliénables.

LA CROISSANCE OUI MAIS…

Tout d’abord, reconnaissons que notre économie doit sortir du rouge pour commencer enfin une croissance sereine. Reconnaissons aussi qu’il faut développer l’initiative privée dans notre pays en lui offrant le cadre macro-économique nécessaire à son développement. Reconnaissons enfin au marché certaines vertus essentielles qui sont la création de richesse, le développement de l’emploi et un droit humain essentiel qui est celui de se procurer un bien de son choix en rapport avec ses possibilités.
Toutefois, sans entrer dans un débat d’école, il est important que les droits sociaux du peuple soient garantis. Et cela, on ne saurait le laisser aux seules forces du marché. Dans un domaine aussi important pour l’avenir de notre pays et d’autres peuples du sud, il ne faut aucune orthodoxie, il faut plutôt une approche pragmatique qui tienne compte des expériences d’autres sociétés.
L’économie de marché n’est pas une panacée, le marché ne renferme en lui-même aucune magie qui soudainement nous transformerait en pays riche et développé.

De ce point de vue, Haïti est un pays neuf qui n’a même pas encore commencé son développement. Nous sommes au carrefour de tous les possibles. Nous avons cependant besoin d’une perspective pour notre économie, d’un projet de société. Le projet de société dont nous parlons ici doit partir du pays profond, des universités, de la société civile, de nos partis politiques. Il doit s’articuler clairement dans la transparence et dans la participation de tous les citoyens. Des mots, longtemps galvaudés par une certaine politique, mais qui doivent être pris aujourd’hui avec sérieux et moralité.

MARCHÉ, ETAT ET DÉVELOPPEMENT

Il est tentant dans le cas d’Haïti de prendre en compte les travaux de l’économiste indien, le docteur Amathia Sen, à propos de la nécessité de considérer l’efficacité du marché et l’équité comme des éléments combinatoires et simultanés. C’est un défi qui se pose à nos concepteurs de politique publique de combiner la recherche de la productivité, du rendement optimum à la mise en place de politiques sociales devant permettre à la majorité de la population d’avoir accès aux services de base. Notre démocratie sera sociale ou ne le sera pas. Elle devra dans le cadre d’une politique avisée et constructive moderniser notre économie tout en ne la réduisant pas aux seules questions de grands équilibres macro-économiques. Sans perdre de vue qu’elles sont nécessaires mais pas suffisantes pour le modèle de développement qui combinerait croissance et équité.

Lutter contre la pauvreté en Haïti doit comprendre la bataille pour l’emploi maximum mais aussi la possibilité de le choisir. Ce qui nous renvoie à la question des libertés.

Il nous faut le plus possible capter des emplois, attirer les investissements pour que les Haïtiens sortent enfin du chômage endémique, mais surtout en veillant à ne pas tomber dans les excès du travail forcé des enfants comme dans certains pays du sud de l’Asie. Vous me direz que nous avons déjà les restaveks, oui, mais cela doit aussi changer dans le cadre d’une vision de l’économie qui ‘’investirait’’ le travailleur haïtien dans ses droits.

Le cadre macro-économique mentionné plus haut s’oppose à l’établissement d’une économie restrictive. Entendons par là, une économie dominée par quelques monopoles, ce que Adam Smith a appelé ‘’des caractéristiques pré-capitalistes’’. Une telle économie viole les droits des citoyens qui ne peuvent pas choisir en vertu de la qualité de tel produit par rapport à un autre, elle ralentit le développement de la croissance et pervertit les structures étatiques. De ce point de vue, la compétition est un stimulant de la production mais aussi une garantie pour le consommateur. La combinaison de l’économie de libre entreprise avec la recherche des opportunités sociales est un précepte qui gagne du terrain. La qualité, le rendement, en bref l’efficience des produits dans une économie est une nécessité de même que nous comprenons de plus en plus que notre planète va à la catastrophe si d’autres paramètres comme l’écologie, les droits du citoyen à un emploi décent ne sont pas pris en compte.

Nous ne pouvons plus nous contenter des formules en cours d’ajustement structurel qui ont, aux dires de certaines autorités de l’Union africaine, ‘’accentué la pauvreté sur ce continent’’, en Haïti aussi, il nous faut de ‘’nouvelles politiques économiques plus audacieuses’’ selon le mot de M. Konaré, président de la commission de l’Union africaine ( U.A ).
Le F.M.I. lui-même reconnaît par la voix de M. Rodrigo Rato, son directeur général, l’intérêt d’une stratégie basée sur ‘’le partenariat’’. Un peu partout sur la planète, on réclame une ‘’mondialisation plus solidaire’’, un plus grand accès au marché du Nord pour les produits des pays du Sud.
On doit cesser de penser l’économie comme un domaine absolu et tyrannique qui impose aux nations et aux peuples une vision dogmatique de comment conduire les affaires.
La banque mondiale, elle aussi, a commencé certaines remises en questions sur les domaines liés aux infrastructures de base et à l’éducation. Pour lutter contre la pauvreté, il faut aussi combattre la ‘’pauvreté des opportunités’’. Celle-là même qui sert de ferment au banditisme et au terrorisme.

Ces petits pas lents mais sûrs des institutions internationales en direction d’une approche plus humaine de l’économie sont les résultats des mobilisations d’intellectuels et d’associations un peu partout dans le monde représentants de la tendance de plus en plus influente des alter-mondialistes.

Quoiqu’il en soit, il faut sortir des intégrismes de toutes sortes et mettre la recherche du bonheur humain au cœur des équations mathématiques.

DE LA BONNE GOUVERNANCE

Voilà une expression devenue essentielle dans la littérature économique et dans la bouche des fonctionnaires des Nations-Unies. Cependant, nous devrions en Haïti nous l’approprier et en faire une réalité tangible dans la conduite des affaires publiques. Mais comment y parvenir ?
Il y a bien sûr la question de la compétence, de la capacité de nos fonctionnaires à gérer de façon moderne et efficace nos institutions mais aussi le problème récurrent de notre histoire, celui de la légitimité et, des passerelles qui doivent exister entre les différentes composantes de la nation haïtienne en vue d’établir les bases minimales nécessaires au ‘’Vivre ensemble’’.

Le défi se situe particulièrement à ce niveau, il n’existe pas de communication réelle entre les diverses composantes de la nation. Cela se traduit par un gaspillage monstre de ressources intellectuelles et un coût social difficilement estimable… les travaux d’experts dans ce pays se perdent dès qu’on change de régime - ou sont passés les réflexions enrichissantes de panels d’intellectuels et des organisations populaires de l’après 7 février, sans parler des travaux des différentes commissions lavalas en 90.Une fois au pouvoir le gouvernement qui avait commandité ces travaux les avait royalement ignorés. L’absence de concertation et de suivi ont entraîné la fermeture de certains programmes assez viables sous l’administration du Président Préval par l’équipe qui lui succéda au pouvoir. N’y avait-il pas un personnel en charge de la transition ? Quel suivi a été donné au plan national de l’éducation par exemple ? Pourtant c’est un pays ou on parle beaucoup de continuité de l’état seulement quand cela concerne certains intérêts.

L’actuelle équipe au pouvoir a dû, elle aussi, tenter de tout recommencer étant donné les circonstances du départ de l’ancien Gouvernement et de ce qui restait de l’administration publique. Cela nous a valu la valse hésitation constatée depuis de longs mois et cette grande frustration qui se manifeste au sein de la population. Aujourd’hui encore l’équipe du Premier Ministre Latortue s’isole, on dit qu’elle ne communique pas assez et c’est vrai. Certains dénoncent la morgue des technocrates qui croient détenir la science infuse. Tout ceci est vite dit, avons-nous jamais appris dans notre histoire à communiquer sans tomber dans la propagande ? Les prochains Gouvernements sauront-ils faire mieux ? Pourquoi la virulence des dénonciations et la violence des déchoukay n’ébranlent nullement certaines pratiques ? Des femmes et des hommes de bonne volonté offrent l’image de personnes prises dans les sables mouvants d’un appareil d’Etat, monstre séculaire et inamovible. Un autre exemple des plus frappants de ce manque de dialogue se traduit par les rapports pas toujours harmonieux entre le conseil des sages et l’exécutif, l’état traditionnel ne peut souffrir d’aucune institution nouvelle, qu’on se souvienne d’un autre contexte du sort fait au conseil d’Etat sous une précédente administration. Dans le même temps on est en droit de s’inquiéter de l’échec de l’initiative qui visait à élargir le conseil des sages. La société civile a aussi du mal à débattre avec ses représentants dans le dit conseil, qui somme toute, cherche à s’acquitter de leur tache avec les limitations qu’ils ont maintes fois soulevées.

C’est ce malaise profond, soutenu par une culture de l’intolérance et le syndrome de la conspiration permanente qui ronge notre corps social. Nous nous empressons souvent de contredire l’autre avant d’entendre toute son argumentation, et de réagir à chaud à ce que nous avons cru comprendre d’une déclaration qui nous a été rapporté. Le climat socio-politique n’est jamais à l’apaisement et profite aux pécheurs en eau trouble. Ceux qui ont besoin du désordre permanent pour mener leurs combines ont la part belle dans cette ambiance de bruit et de fureur. Si certains ne peuvent s’enrichir que par le chaos, la nation elle, s’appauvrit inexorablement. Aussi pour gouverner de manière progressiste et durable, il faut des femmes et des hommes compétents et déterminés à se colleter aux difficultés liées à une longue tradition de corruption d’une structure étatique ‘’Léviathan’’ mangeuse des meilleures volontés. La bonne gouvernance suppose non seulement un projet politique et social, mais aussi les moyens de l’exécuter. Et ces moyens vont de pair avec des institutions qui se renforcent progressivement dans un environnement sûr et stable, une classe politique gagnée de plus en plus au bien commun qui sache faire preuve de sagesse et de responsabilité et qui ne cherche pas à tirer profit du moindre chaos à des fins politiciennes.

DE LA NECESSITE D’UN AGENDA NATIONAL

Le peuple haïtien doit parler, bien sur à travers des élections libres et transparentes à venir mais aussi par le biais de larges concertations organisées dans tout le pays pour la définition de ses grandes priorités de développement économique et social, lesquelles devraient être appliquées par les différentes équipes qui se succéderont au pouvoir dans les années à venir.
A ce propos, un agenda national, pour la mise en place transparente de politiques largement définies au sein de toutes les forces vives du pays et de la diaspora, devra être adopté. Cela suppose une nouvelle pédagogie pour un dialogue national que tous les secteurs s’approprieraient. Ce dialogue serait sincère, honnête, sans artifice idéologique, fausse intellectualité ou esprit politicien. Un débat où nous nous dirions la vérité sur notre histoire mais cette fois non pas pour piéger l’autre mais pour sortir du marasme. De ce débat sans exclusif sortira une Haïti libérée de ses vieux démons coloristes et de la tentation totalitaire. Qu’on médite les leçons de l’histoire ! Si les négociations antérieures avaient réussi, l’agenda serait peut-être autre aujourd’hui. Mais l’histoire ne tient compte que des faits.

En attendant le grand débat pour le renouveau de notre nation, le gouvernement Latortue devra prendre ses marques et se lancer résolument dans la mise en place du cadre de ce grand dialogue national. Comme pour la fin de l’année, le gouvernement doit montrer sa capacité á gérer une insécurité rampante et surtout à transformer le climat social si déprimant au moment ou nous écrivons ces lignes. Alors seulement les scénarios qui circulent chez les spécialistes du collège de guerre lié au pentagone seront moins pessimistes et notre peuple pourra enfin sortir de la logique de survie pour commencer à vivre.


Roody EDME

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