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Monday, August 29, 2005

Immigration : Avantage comparatif de la puissance américaine.

Peter Jennings n’est plus, l’Amérique pleure une de ses plus grandes vedettes de télévision. Un "monstre sacré" des médias qui, avec Ted Kopel, Barbara Walters et Dan Rather ont fait le bonheur des principales chaînes de télévisions américaines.

Le soir de l’offensive aérienne contre Bagdad, il apparaît sur le petit écran, avec en arrière plan le tracé lumineux des missiles Tomahawks dans le ciel irakien. Quand la navette spatiale challenger explose, les téléspectateurs sont étonnés de ses "vastes connaissances" sur les questions spatiales. Son enquête d’une belle facture, sur les compagnies de tabac a secoué l’Amérique et changé certaines politiques dans la campagne publicitaire de Philip Morris.

Peter Jennings était d’origine canadienne, de ces immigrants qui ont conquis l’Amérique et qui font aussi sa fierté. Pendant longtemps, le rêve américain n’a pas uniquement attiré les citoyens des pays démunis, au contraire, depuis les années folles de l’après-guerre, l’Amérique a constitué un puissant aimant pour les capitaines d’industries européennes séduits par le dynamisme de l’entreprenariat à l’américaine, mais aussi pour des foules d’immigrants du vieux continent à la recherche d’opportunités.

Le projet américain à l’époque était d’organiser et, de canaliser ces nouveaux arrivants en accord avec les objectifs stratégiques du Gouvernement. Depuis, l’immigration a apporté une contribution majeure au rêve américain. Environ sept canadiens qui sont venus habiter les Etats-Unis ont gagné le Prix Nobel. Selon William E. Odom et Robert Dujarric, deux spécialistes américains en sciences sociales, 15% des scientifiques et ingénieurs aux Etats-Unis sont nés à l’étranger.

En 1990, les immigrants ont constitué 32% de l’ensemble des scientifiques de la fameuse Silicon Valley. 10% des employés de Microsoft sont d’origine indienne. Les fameux Indiens-Américains de la technologie incluent Saber Bhatia, fondateur de hotmail ; Vinod Khosla, co-fondateur de Sun Microsystems ou Vinod Dham, le cerveau qui brille derrière Intel Pentium.
Bien que la Chine, l’Inde et Taiwan fournissent le plus grand flux de scientifiques et d’étudiants à conduire des études post-doctorales, on se plaint aussi en France, que les meilleurs spécialistes français de l’informatique finissent par s’installer aux U.S.A.

Déjà pendant les années 40, le projet Manhattan qui malheureusement déboucha sur la fabrication de la bombe A reposa en grande partie sur les épaules de savants exilés d’Europe. Sur le plan des affaires, les immigrants se distinguent tout aussi bien.

Les grandes compagnies dirigées par des étrangers d’origine, s’appellent Chevron, Coca Cola, Computer Associates, Ford Motors. On ne peut négliger l’énorme contribution de la grande masse besogneuse des vendeurs qui tiennent des stands de rues, des chauffeurs de taxis, des cuisiniers et des fermiers qui maintiennent bien vivant, le rêve américain.

Toutefois, depuis le 11 septembre, la politique migratoire s’est révélée plus stricte et a même pris des allures répressives avec le déploiement dans les aérogares et ports de véritables "murailles électroniques". Jorge Ramos, célèbre journaliste à Univision raconte le calvaire des mexicains qui traversent "le désert de la mort" pour atteindre la terre américaine. Ces émigrants qui, rapporte-t-il dans son dernier livre "Dying to cross", contribuent pour 10 milliards de dollars au compte de la sécurité sociale aux Etats-Unis.

L’Amérique est face à un dilemme, le pays a besoin de contrôler le nombre de ceux qui veulent border ses frontières, en même temps qu’il ne saurait rejeter ses origines historiques et, ce qui constitue, la toile de fond d’une société intrinsèquement multiculturelle, à savoir l’immigration. A ce propos, le touriste qui traverse la cinquième Avenue sent battre le cœur du monde. Et on imagine mal une Amérique sans cette mosaïque culturelle, n’en déplaise aux fondamentalistes de toute confession.

Haïti est aussi un gros exportateur de cerveaux vers les Etats-Unis et ailleurs avec des chances quasi-nulles de les voir revenir. Et le plus dramatique, beaucoup de ceux restés au pays sont victimes de l’insécurité. Si Peter Jennings est mort de cancer, il est comme on dit chez nous, quand même mort dans son lit. Jean Dominique a été abattu, de même qu’un savant comme le Dr Harry Bordes ou un Dr Guérin brillant cardiologue des Etats-Unis revenu au pays ; Jacques Roche fauché en pleine floraison, Lobo mettant fin à ses jours, emporté par on ne sait quelle nausée !

Société "marâtre" ou Republique "exterminatrice", il faudra arrêter un jour l’hémorragie. Les vrais débats devront commencer avec cette campagne présidentielle, car il ne va pas s’agir d’une banale course pour la présidence, mais d’une course contre la montre pour un pays qui ne veut pas mourir.


Roody Edme.

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