Le Regard du monde est tourné vers Gaza

L’histoire est en train de franchir un tournant au Moyen-Orient. Ariel Sharon est déterminé à faire évacuer la bande de Gaza par les colons juifs, en dépit des contestations au sein de son propre parti. Il faut dire que les colons juifs les plus extrémistes avaient lancé un défi à Sharon et aux autorités de Tel Aviv à propos du refus de céder un pouce de ce territoire aux Palestiniens.

Ce que les colons considèrent comme un marchandage pour une paix médiocre, leur départ de Gaza, ne doit pas passer, au risque de provoquer l’irréparable, à savoir, une guerre civile entre Tsahal, l’armée d’Israël, et des juifs intégristes pour un territoire censé appartenir aux Palestiniens.

Dans la région déjà marquée par la montée des extrémismes, cette situation ne ferait que compliquer la donne. Fort heureusement, au fil des jours, face à la détermination affichée par les autorités, on sent s’affaiblir le camp du refus.

Des troupes spécialisées de l’armée s’entraînent chaque jour et se préparent au pire.
Des femmes soldats sont aussi entraînées à l’évacuation forcée de leurs congénères – des scénarios sont même prévus pour les femmes enceintes ou les bébés.

C’est en effet la première fois que l’armée israélienne aurait à confronter à une si grande échelle, une rébellion qui ne viendrait pas des jeunes palestiniens. Cet « intifadah » juif, qui risque d’éclater, inquiète le haut commandement israélien qui semble être prêt à faire appliquer une décision politique vitale pour la région. D’autant que l’implication américaine dans le dossier, se révèle de plus en plus déterminante.

En effet, un trio et pas des moindres planche jour et nuit sur ce dossier. Le général américain William Ward est responsable de l’aspect sécuritaire et travaille avec les officiers israéliens sur la question ; le volet économique est assumé par l’ancien président de la banque mondiale, Jame Wolfensohn et la dimension politique par David Welch, le sous-secrétaire d’État au Moyen-Orient. Tout ce déploiement politico-diplomatique de l’administration américaine a, selon le journal Ha’Aretz, pour but d’illustrer la détermination du président Bush à jouer de “sage femme dans le processus d’évacuation de Gaza ”.

Si du côté de groupes comme le Hamas, on semble assister à un inquiétant déploiement de miliciens aux abords des quartiers et des camps de réfugiés-, les colons intégristes à Gaza ont commencé, lentement mais sûrement, à remettre aux autorités leurs armes automatiques et, plus de deux tiers d’entre eux auraient appliqué pour une demande de résidence en d’entres lieux prévus par les autorités.

Les observateurs semblent craindre non pas tellement, une confrontation entre extrémistes juifs et arabes au moment de l’évacuation de l’armée israélienne, mais une opposition armée du Hamas au Fatah, groupe dirigé par Mamoud Abbas.

Le Hamas a militairement les moyens d’occuper Gaza et de là, scénario dangereux, faire capoter le processus de paix basé essentiellement sur un repli successif et ordonné de l’armée israélienne. . Un autre élément et pas des moindres, c’est le rôle que pourrait jouer Téhéran. On s’accorde à penser que le nouveau régime iranien a de grandes ambitions militaires et politiques et ses liens éventuels avec le Hamas ne font aucun doute. …jusqu’où les services secrets iraniens voudront aller dans leur petit jeu de souffler le chaud et le froid face à l’occident. Le nouveau chef d’Etat iranien passe pour être un dur proche de la ligne radicale du Hamas et du Hezbollah et qui pourrait jouer les troubles fête

Et du côté d’Israël, la véritable menace ne semble pas venir de ces jeunes militants passionnés qui bloquent les axes routiers et qui adorent se faire porter par les policiers anti-émeutes, elle semble provenir d’une poignée de durs, habile au maniement des armes et des bombes, de cette génération à laquelle appartient Yigal Amir, l’assassin de Yitzhak Rabin. Autant de défis qui attendent les peuples de la région et la communauté internationale dans une semaine.

Roody Edmé