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Friday, February 02, 2007

Etats-Unis–IRAK : Que faire ?

Le temps presse, l’heure est grave ! L’Amérique se doit d’avancer sur le dossier du Moyen-Orient et le président Bush veut faire montre de la flexibilité nécessaire aux nouveaux enjeux de l’heure. Sa décision de remplacer Donald Rumsfeld par un membre de l’actuelle commission de travail sur l’Irak est un signe de changement de cap. Seulement, il va falloir trouver rapidement les scénarios alternatifs et ce n’est pas très évident. Comment en effet passer d’une stratégie d’engagement limité en nombre de troupes mais illimité dans la durée à un retrait tous azimuth sans considération des conséquences à court et à long terme sur l’image de l’Amérique. Il y a un an déjà, dans les colonnes de ce journal, nous parlions à ce propos, de la quadrature du cercle.

Les administrations américaines de l’immédiat après-guerre s’étaient déjà retrouvées dans des situations apparemment sans issue à l’époque de la guerre froide. Lors du blocus de Berlin, le pont aérien décidé, en scénario ultime, avait permis l’approvisionnement de la ville, rendant caduque le projet de Staline d’étrangler Berlin et de faire plier les alliés de la future alliance atlantique (OTAN). Pendant la crise des fusées, la cellule d’urgence de la Maison Blanche autour de Kennedy et Robert MC Namara avaient su à force de fermeté et de souplesse trouver une issue honorable à une situation qui menaçait de précipiter la planète dans un conflit atomique, même si l’embargo à vie contre le peuple cubain décidé par la suite, entacha sévèrement la réputation des Etats-Unis dans le sous-continent. Qu’en sera-t-il de l’actuelle conjoncture irakienne ? En attendant, les consultations se multiplient à Washington, le nouveau leadership bipartisan qui émerge des récentes élections à besoin de s’accorder les violons sur une stratégie viable dans la région.

On parle d’un projet de retrait dans les six mois à venir qui circule dans les couloirs du parti démocrate et qui est évoqué de temps en temps dans la presse américaine par les cercles proches des nouveaux élus. Il s’agit en filigrane de préparer massivement des troupes irakiennes à prendre rapidement la relève des contigents américains sur le terrain. La guérilla a flairé la nouvelle stratégie et s’attaque systématiquement aux camps de recrutement. Question de saboter tout projet de retrait en ordre des forces américaines et de transformer l’Irak en un « no way out ». On voit mal cependant l’opinion publique américaine accepter un retrait précipité comparable au départ des marines lors de la chute de Saigon. Les sondages de la presse américaine ont révélé que le peuple américain ne veut pas d’un départ en catastrophe.

Tout le monde dans la capitale américaine à les yeux tournés en direction du " Irak Crisis Group" où siège deux hommes d’expérience : le républicain Jim Baker, ancien secrétaire d’état sous Georges Bush père et, le démocrate Lee Hamilton. Jim Baker est dit-on de " l’école qui parle à l’ennemi," c’est un diplomate pragmatique qui n’a pas peur de discuter avec Damas et Téhéran pour une approche globale de règlement du conflit.

Il s’agira donc d’une révision déchirante des options jusqu’ici adoptées par les think thank néoconservateurs, d’autant qu’il souffle du coté de la Palestine une légère brise d’espoir, celle de la mise en place d’un nouveau gouvernement réunissant le Fatah et le Hamas et le remplacement discret mais combien significatif de Monsieur Hasniyeh connu pour ses positions dures vis à vis d’Israël.

Les hommes de la commission Baker auraient dans leurs cartons des propositions allant de la partition de l’Irak en une zone Kurde au Nord, un Centre chiite et un Sud sunnite à la préservation d’un fédéralisme qui résisterait mieux à toute tentative de Téhéran de tirer profit d’une partition du pays en trois Etats en jouant de son influence chez les chiites.

Toutefois, ce qui rend compliquer cette stratégie de sortie c’est la multiplcation de milices de toutes sortes qui poussent dans le désert irakien comme autant de ronces et d’épines suceptibles d’entraver le parcours des diplomates expérimentés de la commission Baker.

Roody Edmé

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