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Thursday, August 03, 2006

« Déluge de feu au pays du Cèdre »


Tapis de bombes, pilonnage systématique et réciproque des positions israéliennes et du Hezbollah , "dame guerre" s'est de nouveau invitée avec une solennité dramatique dans une région martyrisée depuis plus d'une quarantaine d'années et à qui, « elle n'a pas fini de révéler ses énigmes ». L'opération « Pluie d'été » s'est transformée en un terrible orage mécanique d'obus et de missiles, de bien « grosses allumettes », pour une région particulièrement volatile, le coût du baril de pétrole a déjà atteint les 78 dollars.

L'attaque du Liban fait suite à l'enlèvement par des commandos du Hezbollah (combattants palestiniens d'origine chiite) de deux soldats israéliens. On se souvient qu'un premier soldat de Tsahal avait été enlevé à Gaza, ce qui avait d'ailleurs déclenché les premières hostilités. Depuis maintenant plusieurs jours, le Liban est « under attack » et les images que nous voyons à la télévision ont un petit air lointain et irréel. Qu'est-ce qui explique la violence des attaques israéliennes contre un pays qui n'est pas équipé pour se battre et dont l'armée de l'air est constituée en grande partie d'hélicoptères équipés de mitrailleuses ? En fait, Israël, veut porter officiellement le gouvernement libanais où siège deux ministres du Hezbollah à "désarmer" la dite milice et à reprendre le contrôle de son territoire. Seulement, on se demande l'économie d'une telle opération, compte tenu du fait que le Hezbollah a une puissance de feu de loin supérieure à l'armée libanaise. Cette offensive militaire d'Israël, si elle n'est contenue dans les prochains jours pourrait déboucher sur un nouvel effondrement de l'État libanais et, la punition collective de tout un peuple pris en Sandwich entre le Hezbollah et l'armée israélienne. On en arriverait à une nouvelle partition du Liban en zones contrôlées par des milices et qui sait à un retour « dissuasif » des troupes syriennes, sur un terrain récemment évacué. Un scénario cauchemar pour une région situé sur un arc périlleux de crises.

Au moment d'écrire ce papier, j'ai sur ma table, une carte de la région. Et il m'est venu à l'idée de me livrer à un petit tracé géométrique somme toute banal, mais aux conséquences géopolitiques peut-être incalculables : Toute droite horizontale ayant son origine à Jérusalem aboutit dans son extrémité à … l'Afghanistan. Si nous traçons une perpendiculaire à la même droite, avec pour origine Bagdad, le point d'extrémité arriverait à Mongadiscio. Eh oui ! un scénario "somalien" ne saurait pas à écarter au Liban et ceux qui dénoncent, comme Mahmoud Abbas, le danger d'embrasement, ne sont pas en train de faire le fanfaron en criant "au loup" ! Le danger existe bel et bien. Les hommes du Hezbollah sont des durs qui croient aux martyrs et l'état-major israélien est dirigé par le général Dan Halloutz, déjà épinglé par des organismes des droits humains en Israel pour la dureté de ses précédentes opérations.

A Tel Aviv, le gouvernement civil du premier ministre Ehoud Olmert doit faire ses preuves et comme le suggère un éditorialiste du quotidien Aaretz « aller jusqu'au bout ». Reste à savoir les limites réelles de ce bout, lorsqu'on sait que Damas et Téhéran ne sont pas si loin. Pour l'heure, la communauté internationale se réunit au sommet du G-8 et est comme médusée par l'ampleur des opérations. Il y à vingt ans, de sa fenêtre d'un quartier de Beyrouth, l'écrivain Amin Malouf remarqua au coin de sa rue, la tourelle d'un char, c'était le début de la guerre civile et de son exil... Aujourd'hui au Liban, le tourisme s'effondre. Beyrouth attendait dans la fièvre estivale des milliers de visiteurs, elle ne pouvait pas s'imaginer ce rendez-vous avec la guerre. « Est-ce ainsi que les hommes vivent... ».

ROODY EDME

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