Qui est donc Hugo Chavez ?
L’homme dit-on adore "les coups de gueule" et les coups de force et, aime se faire détester de ceux qu’ils n’aiment pas. Hugo Chavez, le président vénézuélien est définitivement un chef d’État atypique. Issu d’une culture de pronunciamiento bien à la mode latino-américaine, cet ancien officier putschiste s’est fait élire démocratiquement et assume, aujourd’hui, le pouvoir à Caracas, en toute légitimité.
Mieux, il est populaire. Et ses programmes sociaux font de lui le champion de la cause des pauvres. Car Chavez croit à ce qu’un homme politique haïtien des années 50 appelait "l’investiture sociale" des masses, c’est donc ni plus ni moins d’un chef d’État populiste qu’il s’agit, à l’instar, disent certains analystes d’un Peron ! Mais, prenons garde aux clichés, car Hugo Chavez est différent d’un Juan Peron, populiste "Blanc", alors que Chavez lui assume son métissage.
Son discours politique déroute les universitaires de gauche d’Europe et de l’Amérique, il s’éloigne volontiers de la rhétorique marxiste traditionnelle pour un curieux mélange de marxisme, de christianisme et d’accents "bolivariens". Disons rapidement, que son discours reflète la complexité d’une région qui a beaucoup souffert de colonisation et d’exclusion post-coloniale. Son apparent délire verbal est tentative de renouveler un discours politique qui a de moins en moins de prise sur une réalité sociopolitique tout aussi délirante.
Redoutable pour ses ennemis, il est quelque fois encombrant pour ses amis. Au sommet de Mar del Platar, en Argentine, il refuse de rester tranquillement dans la suite du luxueux Hôtel réservé aux chefs d’États. Il se retrouve néanmoins dans la rue aux côtés du célèbre footballeur argentin, Diego Maradona, à haranguer la foule de sa rhétorique anti-Bush. Même qu’il affirmait haut et fort, prêt à dire à ce dernier, ses "quatre vérités" s’il le croisait dans l’ascenseur de l’hôtel.
Inclassable, profil insaisissable, pour Washington qui préfère le qualifier de "fou furieux" ou de "nouvel Hitler", Hugo Chavez lui non plus ne mâche pas ses mots à l’endroit de ses adversaires "impérialistes". La force d’un Hugo Chavez, c’est son côté "David contre Goliath", de nouveau "lider maximo" qui enflamme les dortoirs d’étudiants et galvanise les frustrés de la mondialisation. Et puis, le bonhomme est un "pur" qui n’a pas de "grenn zanno kay ofèv" en ne touchant pas de près ou de loin à la drogue. A signaler aussi, un certain succès de ses programmes sociaux, particulièrement, les dispensaires de santé gratuits obtenus grâce à des accords de troc avec Cuba, pétrole contre enseignants et médecins. Si sa diplomatie du carburant agace et inquiète, elle lui donne un certain standing et le rend moins folklorique. Car quand on a les moyens de sa politique, on est loin du grand guignol ! Mais la faiblesse du commandant Chavez c’est son ego, son excentricité, même si certains croient qu’il faut un « grain de folie » pour oser l’impossible. Le président vénézuelien devra veiller à ne pas trop s’emballer ; "Robin des Bois" de la politique, saura-t-il se réinventer avec intelligence sous le poids des contraintes géopolitiques qui ne manqueront pas de se renforcer ? Résistera-t-il à la tentation totalitaire qui guette tout leader charismatique ? Saura-t-il enfin se réapproprier le verbe sans confisquer la parole ?
En attendant, l’homme compte autant d’amis que d’adversaires et, son face à face avec les Etats-Unis lui confère une aura internationale, il s’improvise parrain de tous les discours alternatifs et "grand frère" des peuples du sud.
Hugo le rebelle est-il un Simon Bolivar "aux petits pieds" ou un météore produit du choc des impérialismes ? Dans cette Amérique Latine en pleine mue, les nouveaux leaders qui représentent l’espoir de leur majorité sociologique sauront-ils entrer dans l’histoire ?
Roody Edmé
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