Nucléaire Iranien : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes » ?
Le monde retient son souffle face à la montée des périls au Proche-Orient. Une situation qui pourrit autour du dossier nucléaire iranien. L’Iran revendique, en effet, son droit à enrichir de l’uranium pour satisfaire ses besoins énergétiques vitaux. Ce qui, apparaît dans les capitales occidentales comme fondamentalement suspect, un rapport des inspecteurs de l’agence de l’énergie atomique (AIEA) ayant lié les recherches des savants atomistes iraniens à des préoccupations militaires. Soufflant le chaud et le froid, Téhéran vient de refaire fonctionner ses installations temporairement arrêtées pendant d’intenses négociations avec l’Union Européenne. Les autorités en place dans l’ancienne perse ont de grandes ambitions régionales et, il leur est insupportable de se priver d’arguments militaires aussi décisifs dans un environnement méditerranéen qui compte déjà deux ou trois puissances nucléaires avouées ou inavouées. Or, les Nations-Unies se sont données comme objectif de limiter la prolifération des armes nucléaires qui constitue une menace pour la paix dans le monde. Pour l’organisation mondiale, une telle prolifération signifierait «la guerre de chacun contre chacun» pour parler comme le philosophe Hobbes. L’anarchie nucléaire donc ; puisqu’il n’existerait plus de club des grands ayant le monopole de la « force nucléaire légitime » et, pouvant jouer aux gendarmes de la planète.
Tout esprit cocardier mis à part, il y a un danger réel de voir un conflit limité dégénéré en conflagration nucléaire, véritable apocalypse capable de se propager à la planète, compte tenu de l’intérêt géostratégique d’une région, zone de contact de trois grandes religions monothéistes, souvent rivales. A Téhéran, on semble tabler sur le fait que les Etats-Unis trop occupés en Irak et déjà en affaire sur le dossier nord-coréen, n’ont nul intérêt à s’engager militairement dans un autre bourbier chiite. De plus, l’Iran puissance pétrolière pourrait mettre la pression sur le baril de pétrole en faisant exploser les prix et l’économie mondiale avec !
L’argumentaire de Téhéran est simple : De quel droit international relève le fait que seuls quelques pays sont en droit d’intégrer le club atomique ? Et c’est au fait ce qui fait carburer le « patriotisme nucléaire » iranien. L’opinion publique la-bas, dans sa grande majorité, est convaincue qu’on veut interdire aux iraniens de chercher à se doter d’une bombe atomique pour continuer à les traiter en puissance mineure. Un dossier sensible pour la corde nationaliste des iraniens et qu’exploite allégrement des Mollahs qui, tardent à apporter des réponses aux pressants problèmes socio-économiques du pays
Mais l’Occident parle d’une seule voix, l’enjeu est trop grand, et l’option militaire n’est pas du tout écartée. La diplomatie américaine fait monter la pression au conseil de sécurité. Washington cette fois-ci, ne souhaite guère faire cavalier seul et veut compter sur une large coalition. Quoiqu’il en soit, dans un premier temps, il ne s’agira que de sanctions économiques, puis on reviendrait à la formule des frappes aériennes ou du "lâcher" de missiles Tomahawks à partir de porte-avions mouillant au large du golfe. Il n’est donc pas prévu d’envoyer des forces spéciales sur le terrain, dans « l’enfer » chiite, à quelques encablures des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.
Quant à la Russie, elle est la seule du club des cinq, au conseil de sécurité a jugé l’Iran encore fréquentable. Pour le moment, elle ne semble nullement effrayée par les ambitions de sa voisine de la mer Caspienne et joue plutôt la modératrice. Mais jusqu'à quand ? Une Russie qui, à l’intérieur de ses frontières semble hésiter entre transition et désorganisation. Héritière de l’arsenal de l’ex-URSS, la nouvelle Russie tente de jouer son va-tout dans ce dossier et veut montrer au monde qu’elle est loin d’être une super puissance diminuée. En vérité, il flotte dans l’air du temps, une « brise » de guerre froide, qui rappelle vaguement un retour à l’ère atomique. Même si les données ont changé. Ce n’est définitivement pas la fin de l’histoire.
Roody Edmé
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