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Monday, March 19, 2007

Perspectives

Ces jours-ci Haïti bouge. Le public comme le privé s’activent à la recherche du temps perdu. A lire les reportages de notre envoyé spécial en France, la délégation mixte composée de ministres d’Etat et de représentants de la chambre franco-haïtienne a engrangé d’importants bénéfices lors de leur récent voyage dans l’Hexagone.

Des opportunités d’investissement ont été explorées qui pourraient mettre notre pays « back in business ». Le groupe UniFinance avec son projet de zone franche à Tabarre faisait récemment la une de notre journal, ceci semble augurer d’une reprise de confiance dans l’avenir de ce pays Il n’y a pas à dire nos hommes et femmes d’affaires se mouillent la chemise et ‘‘militent’’ avec l’appui du secteur public pour un retour de l’investissement en Haïti. On annonce d’ailleurs pour bientôt le voyage d’une délégation d’entrepreneurs haitiens au canada et, Port-au-Prince se prépare aussi à recevoir une vingtaine de représentants de compagnies canadiennes.

Certains de nos entrepreneurs pourraient en outre, envisager de développer leurs ‘‘activités’’ dans ce pays, ce qui ouvrirait d’autres perspectives à un monde des affaires haitien chétif et exsangue, lessivé par des crises ininterrompues. Mais surtout, qui témoignerait d’une vision plus large, moins « boutiquière » d’un secteur privé enfin moderne.

Toute cette agitation productive risque de devenir stérile si les structures étatiques ne suivent pas. Il ne faut surtout pas oublier que nous sommes un pays où les initiatives les plus louables sont perverties ou ‘‘réfrigérées’’ par des pesanteurs étatiques, des tracasseries administratives des lenteurs excessives qui vont à contrario d’un monde dont les facteurs essentiels sont vitesse et compétitivité.

Les responsables au plus haut sommet de l’Etat en sont parait-il conscients, mais sur le terrain, dans la quotidienneté banale de nos transactions qu’est-ce qui a changé ? Comment faire pour que ces ‘‘différents appuis à la gouvernance’’ se traduisent dans la matérialité des faits et enlèvent les maux de tête à cette ‘‘fourmilière’’ de citoyens qui s’agitent à chercher la vie.

Dans un tout autre registre, un groupe d’entrepreneurs haïtiens vient de lancer une initiative pour la production de biodiesel en Haïti. Il s’agit de quelque chose dont on peut être fier à un moment où cette question est d’actualité dans le monde entier. Une chose est de recevoir l’aide de nos amis Brésiliens, une autre chose est de préparer une plate-forme technique même embryonnaire pour rendre cette aide plus digne. Nous avons trop souvent tendance à traiter par-dessus la jambe, les initiatives locales, à les laisser mourir pour les voir renaître en République voisine, comme si certaines choses étaient ‘‘trò bon pou bouch nou’’.

Le groupe Biodiesel Haïti a déjà commencé à produire une certaine quantité de biodiesel sur la base d’huiles de cuisine usées. Et depuis quelque temps, les membres du groupe ont commencé une expérimentation sur leurs voitures personnelles et celles de leurs amis. Le groupe est en contact avec le ministre de l’agriculture et a déjà eu des échanges avec la coopération brésilienne. Il reste à développer à l’échelle de notre territoire les cultures oléagineuses nécessaires à une telle production. Des rencontres sont organisées avec des groupes de paysans, certaines fondations intervenant sur l’environnement. Ce n’est donc pas rien. Il y a là tout un programme relevant de l’agro-industrie et pourvoyeur d’emplois non précaires.

Si les pouvoirs publics maintiennent la posture offensive contre l’insécurité, le climat général en sera amélioré et le « cordon sanitaire » autour de notre pays relaché, alors nous pourrons enfin amorcer la rupture avec les lendemains qui déchantent.

Roody Edmé

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