Oh ! Les beaux jours…
« Ici Munich, c’est Bob Lemoine qui vous parle, pour la retransmission en direct de la coupe du monde…» C’était en 1974. A côté de lui, Dadou Jean-Bart, Pierre-Paul Charles et Jean-Claude Sanon. Une équipe des principaux reporters de trois grandes radios concurrentes de l’époque, cette année là,ils étaient réunis pour la circonstance, Haïti disputait sa première coupe du monde. En ce temps-là, le football était vraiment chez nous, le sport roi et le chef de l’Etat de l’époque en faisant une affaire de prestige personnel; son régime à l’instar de celui des généraux argentins n’avait pas bonne presse à l’extérieur.
Du côté du public, on savourait avec plaisir les reportages de Gilbert Fombrum, Robert Phaton, Les chroniques du Dr André Guillaume sur Métropole et les premières retransmissions en créole d’un Kesner Aubry sur Haïti inter. Beaucoup d’eau et de sang ont coulé sous les ponts. « Les ombres d’une politique néfaste » ont tué le rêve de tout un peuple amant du ballon rond. Haïti n’est plus revenu à la coupe du monde, les fastes d’antan n’existent plus… parce que nous ne savons pas persévérer dans l’effort. Heureusement sur les ondes, quelques audacieux « gaulois » résistent encore, pour le pays et par amour du jeu : Pépé, Roro, Pipo, John et quelques autres de leurs confrères de la presse sportive refusent de laisser traîner le flambeau. La relève, elle, poind à l’horizon, peu nombreuse, mais sérieuse et documentée. Il faut certes beaucoup d’efforts pour la reconnaître au milieu de cette bande de « joyeux lurons », fougueux amants du spectacle, mais se donnant parfois trop en spectacle qui essaiment sur la bande F.M.
Bref, cette coupe du monde 2006 s’annonce encore plus « globalisée », la compétition dans les stades et hors des stades est plus féroce que jamais. L’internet en direct s’est ajouté à la télévision, chaque média annonce la couverture la plus complète et les menuisiers et autres décorateurs s’affairent dans les studios de télévision qui sentent la peinture fraîche. Les salles des nouvelles bourdonnent de jeunes reporters qui espèrent faire leurs preuves pour ce mondial, c’est à ceux qui imiteraient le mieux nos « irrésistibles gaulois » c’est sans doute sain d’avoir des modèles, mais il faut travailler dur pour ne pas devenir de pâles copies et s’abîmer dans la médiocrité.
Du côté des joueurs la pression monte, car chacun va défendre l’honneur de son pays et qui sait, un contrat juteux dans un de ces clubs pleins aux as, dont les représentants seront à l’affût dans les tribunes. Du côté des entraîneurs, c’est le compte à rebours pour le rendez-vous avec la victoire ou la fin prématurée de la carrière. Raymond Domenech, sélectionneur de l’équipe de France a tout comme ses prédécesseurs Roger Lemaire ou Jacques Santini du mal à chausser les baskets d’un Aimé Jacquet, vainqueur de la coupe du monde 1998. Domenech est un homme d’expérience qui connaît le football français de l’intérieur et qui a le mental d’un champion. Mais il aura affaire à forte partie outre-rhin et outre-atlantique : Jürgen Klinsmann, l’entraîneur allemand à la coupe à portée de main, Carlos Alberto le stratège, assume les destinées d’une équipe brésilienne de plus en plus irrésistible, sans parler de la fournée de coachs de premier plan qui de l’Argentine à l’Italie, en passant par l’Angleterre et la Hollande revent d’impressionner le monde entier. Du côté des chefs d’Etat, Jacques Chirac souhaite peut être d’un remake de 1998 qui se transformerait en apothéose, une nouvelle victoire de la France multi ethnique qui ferait oublier la crise des banlieux, Lula d’un sixième trophée pour un Brésil plus qu’émergent. Angéla Merkel, comme par hasard verrait bien la coupe restée dans une Allemagne, qui a besoin de reprendre confiance dans ses capacités. Devinez qui vient dîner avec Angéla Merkel, ce mois de juin, Amadjinedad, l’homme fort de Téhéran au sourire « irradiant », lui aussi voit dans l’évenement une occasion à exploiter dans sa bataille diplomatique avec l’occident.
Et à des milliers de Kilomètres, un René Préval a besoin de sursis pour mettre en place son programme d’apaisement social. Pourvu que la « vieille chaudière » qu’est l’EDH ne rende pas l’âme.
Roody Edmé
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