Legislatives Allemandes:vers une coalition arc-en ciel!
L’Allemagne est définitivement un géant qui se cherche. Première puissance de l’UE, le pays s’est engagé depuis maintenant dix ans dans un débat pour la redéfinition de son contrat social, beau fleuron du capitalisme social européen.
Il s’agissait justement de l’enjeu stratégique des élections législatives du week-end dernier qui ont vu s’opposer les deux plus grands partis du pays : le SPD (socio-démocrate) du chancelier Gehrard Shroëder et la CDU de sa rivale Angela Merkel, (chrétien-démocrate).
Comme la tortue de la fable, Shroëder a gagné son pari ! Alors qu’il était donné largement perdant par de très sérieux instituts de sondage. Son pari ? Obtenir un nouveau mandat de chancelier. Nenni ! Le peuple allemand a renvoyé dos-à-dos les deux protagonistes. Mais Shroëder est quand même satisfait d’avoir endigué la déferlante libérale qu’entraînait après elle, Angie, la nouvelle dame de fer, version ex-RDA.
Gehrard Shroëder qui a hérité du grand parti social-démocrate d’un Elmut Kohl a vu son organisation se diviser en trois tendances : les verts, actuellement au gouvernement, dont le leader est son ministre des affaires étrangères, Jofka Fisher, et le linke partëi fondé par Oskar Lafontaine qui a vu sa position renforcée lors du dernier scrutin. Shroëder de son côté incarne, non sans un certain charisme, la tradition social-démocrate avec un pragmatisme qui le rapproche de son alter ego anglais, Tony Blair.
Sous les coups redoublés d’une mondialisation triomphante, le chancelier a du réformer le modèle social allemand et adopté en accord avec l’opposition, son fameux agenda 2010. Au pays des hauts salaires et des industries innovantes, on envisage d’allonger le temps de travail pour être encore plus compétitif sur le théâtre européen. N’empêche qu’il reste des ombres au tableau, spécialement pour les populations de l’est, encore à la traîne, dont le train de vie n’a jamais atteint celui de l’ouest, même que par certains côtés la situation s’est aggravée.
La puissante Allemagne connue partout pour la qualité de ses produits industriels haute gamme et son poids dans le commerce régional et mondial montre des signes d’essoufflement. Et, par rapport à la nouvelle vigueur affichée par la grande Albion (Angleterre), Berlin fait la grise mine.
Le SPD depuis l’année 2003 cède du terrain à l’opposition, aux chrétiens-démocrates, bien sûr, avec une Angela Merkel qui avait paru « attacher son char à une étoile » tant son ascension était irrésistible, au FDE (libéral), mais aussi au nouveau parti de gauche avec lequel personne à droite ne veut coucher dans le même lit, à cause de son discours rappelant un marxisme du temps d’Eric Hoëneker. Madame Merkel qui, jusqu’au 18 septembre paraissait sûr de sa victoire, est apparu le soir de la journée électorale, aux dires d’un reporter de France-Télévision « avec un sourire aussi sombre que son tailleur ».
Si Angie n’a pas gagné et Shroëder n’a pas perdu, le peuple allemand a de son côté exprimé un mal être, lequel s’est traduit par la confusion d’un vote qui envoie tout le monde à la table des négociations.
L’actuel chancelier et son challenger refusent d’abandonner et s’accrochent. Shroëder ne veut guère jouer au sumitori fatigué qui abandonne l’arène politique. Il s’est même fait offrir un bouquet de roses rouges, comme un artiste après un spectacle. Seulement, cet étrange ballet d’un politicien en équilibre sur un fil, défiant souverainement la chute peut-il durer encore longtemps ?
Les experts se livrent à des scénarios sur les coalitions qui devront se former entre les partis aussi opposés que les « verts », « jaunes », et les « rouges » - le peuple allemand verrait alors de toutes les couleurs. A moins, qu’un troisième « larron » ne vienne et rafle la mise, comme dans les vieux contes d’outre-Rhin.
1 Comments:
Heureux de découvrir un autre blogueur du pays!
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