ARIEL SHARON
Fin de Partie !
Malal Ariel Sharon livre sur un lit d’hôpital, le dernier combat de sa vie. Au moment où nous écrivons cet article, Sharon le guerrier ne sait pas encore s’il se réveillera du coma artificiel dans lequel il est plongé par ses médecins qui craignent un nouveau choc !
Dans de nombreuses capitales du monde, des comités de crise veillent et répètent des scénarios sur ce que pourrait être l’après Sharon. A Washington, le silence est lourd de conséquences ! La secrétaire d’État a renvoyé un voyage en Australie pour « monitorer » la situation, ce dossier devient prioritaire et change de code pour passer à l’urgence.
La réalité est que Ariel Sharon fut un allié sûr de la politique américaine dans la région, on dirait même depuis le « gâchis » irakien, le "lapin" sorti du chapeau de l’oncle Sam et qui par la magie des retraits annoncés redonnerait vie à la femelle de route du Président Bush.
Aussi à quelques mois des législatives, l’administration américaine pourrait annoncer comme un succès de politique étrangère, la création prochaine d’un État palestinien, qui sait ? Ne racontait-on pas dans les couloirs de certaines missions diplomatiques à Tel Aviv et même dans la presse que Sharon était prêt à ouvrir la mise jusqu’à partager Jérusalem. Supputations, manœuvres habiles d’un stratège solitaire, n’empêche que la Paix n’a jamais paru aussi à portée de main. En Israël même, le nouveau "look politique" d’Ariel le magnifique avait emporté les adhésions à droite comme à gauche. Comme de fait, son nouveau parti, qui rassemble des personnalités de tous les horizons politiques caracole en tête des sondages.
Mais en Palestine, dans les territoires encore occupés, on ne regrettera pas trop « Ariel, le terrible », la main vengeresse qui fit sauter à la dynamite le village de Qybia en représailles à la mort de quelques colons juifs. On n’oubliera pas surtout, le général aux manières brutales dont l’idéal fut un grand Israël aux frontières bibliques. Mais en dépit de tout, certaines têtes politiques de l’Autorité palestinienne étaient attentives à ces dernières manœuvres sur le terrain politique. On n’aimait pas trop ces retraits unilatéraux, à la manière d’un chef de guerre qui recule pour mieux contre-attaquer, mais on savait qu’il fallait le prendre au mot et que l’Histoire ne choisit pas toujours l’instrument idéal pour accomplir ses desseins.
Que deviendra le nouveau parti, Kadima, qu’il a formé après son départ du Likoud ? Ehrout Holmert et Shimon Pérès sont en lice pour assurer le leadership d’un parti qui, du moins pour le moment, a le vent en poupe. Mais d’ici au moins en Mars, mois des nouvelles élections en Israël, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Kadima risque de ressembler à un vaisseau fantôme, sans capitaine, parviendra-t-il à bon port ou sera-t-il emporté par son élan et l’audacieux héritage que lui aura laissé Ariel Sharon, « le lion d’Israël » ?
Quoiqu’il soit, ce qu’il faut ces temps-ci en Israël, c’est une politique de rupture, une démarche hardie en faveur du processus de paix qui bouleverserait les pesanteurs et les approches stéréotypées des partis traditionnels.
Il y a aussi en face, chez les Palestiniens, les élections du 25 janvier, fatidique pour une autorité palestinienne qui a de plus en plus du mal à gérer les différentes factions de la résistance.
Aujourd’hui, une bonne partie de la solution réside dans une éventuelle évolution politique du Hamas, organisation militaire et politique au discours radical qui se prépare aussi activement pour le scrutin de la fin janvier 2006.
Quel sera le sort de Sharon et ses conséquences sur le processus de paix ? Il n’est que d’attendre, car le vieux général continue de se battre contre la mort. Ariel Sharon, "criminel de guerre" ou "guerrier de lumière à cheval sur deux siècles", cela dépend de quel côté on se place sur les rives du Jourdain.
Roody Edmé
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