Amérique Latine : " A la recherche du temps perdu"
Des montagnes andines aux larges plaines de la pampa en passant par le Nord d’Est brésilien, toute la géographie de souffrances et surtout de résistances d’une région qui apparaît aujourd’hui comme une des plus actives du monde.
Après avoir été la "terre de feu" par excellence, le sous-continent des dictatures militaires et des guérillas ; l’Amérique Latine apparaît comme le laboratoire d’un tiers-monde en pleine mutation. Constitué de pays à dominante catholique sur fond de cultures indigènes plus que vivaces, la région offre aujourd’hui un visage apaisé qui jure avec les turbulences guerrières des années 60-70. Terrain de prédilection des affrontements Est-Ouest, en raison de sa proximité avec les Etats-Unis et de la grande pauvreté de ses masses, l’Amérique Latine a donc été au centre de la compétition entre les modèles libéral et socialiste.
Les légitimes aspirations des peuples latino-américains ont toujours été pris entre le marteau et l’enclume des grandes puissances extérieures à la région et, toute lecture des revendications sociales de l’époque réduite à une vision bi-polaire.
Aujourd’hui encore, le sous-continent bouillonne d’idées sociales et accueille des forums sociaux mondiaux, tous cherchant une alternative à la pensée unique et revendiquant un modèle social plus intégrateur.
L’épicentre de ce nouveau combat semble être le projet des Etats- Unis d’une vaste zone de libre-échange, ce à quoi dans la région, on semble répondre par une multiplicité de projets alternatifs qui ont du mal à atterrir.
Les idées progressistes et généreuses sur la souveraineté alimentaire et une économie tournée vers la demande intérieure doivent encore faire du chemin, même si la forte mobilisation enregistrée ces dernières années, n’a pas manqué de changer certaines données des conférences internationales, comme celle de l’organisation mondiale du commerce à Cancun ou déranger le "ronron" bureaucratique d’une certaine technocratie internationale.
Sous l’effet conjugué des mouvements sociaux de plus en plus organisés et d’élites sociales démocrates modernes, on assiste quand même, en dépit de la persistance de toutes sortes d’exclusion, au progrès économique de certains pays qui, s’ils n’ont pas résolu leurs problèmes fondamentaux, accèdent tout de même au rang de pays dits émergents.
L’Etat nation en Amérique latine s’est consolidé de manière considérable cette dernière décennie et, les mouvements sociaux de base tambourinent aux portes des partis politiques à la recherche d’une articulation politique de leurs revendications. Les idées de « grandeur », traditionnelles aux caudellismes à la Pinochet et Peron ont rejoint, au centre, une partie des aspirations populaires à un meilleur partage des fruits de la croissance. Le nouveau nationalisme latino-américain est loin d’être une posture. Il se nourrit du développement d’un système éducatif en constants progrès qui élargit quantitativement et qualitativement les bases de nouvelles élites compétentes chevillées à l’intérêt national. Les résultats ne se font pas attendre : chaque année, des écoles supérieures, sort une "armée" d’économistes, de gestionnaires, de femmes et d’hommes d’Etat de tout credo politique, mais ayant en commun une formation scientifique éprouvée et une certaine idée de leur nation, ils n’ont bien sûr rien à envier aux diplômés de l’Ecole Nationale d’Administration en France. Il n’y a qu’à comparer avec ce qu’est devenue notre INAGHEI, école supérieure jadis si prometteuse pour comprendre en partie nos problèmes de gestion, ne serait-ce que du processus électoral.
A l’instar d’autres géants du continent asiatique, certaines "puissances" de l’Amérique Latine relèvent la tête face aux Etats-Unis et à l’Union Européenne, non pas tellement dans une logique de confrontation mais de dignité et d’intérêts bien compris. Avec en bonus, des possibilités de corriger les ratés d’un modèle développementiste globalisé grâce à la vigilance des organisations de base. Apres avoir assisté à l’effondrement "des récits marxistes" et s’être méfié des guérillas actuelles perdues dans des "impasses criminelles", le sous-continent affiche un dynamisme socio-politique qui passionne les chercheurs en sciences sociales.
Chez nous, dans quelques jours, ce sera le 7 février. Nouvelle échéance dans notre histoire proverbialement instable, puissions-nous réussir cette journée et les autres qui suivront pour conjurer le mauvais sort et sortir de la maudite contemplation de l’échec. Je ne comprends pas quelle jouissance nous pourrions avoir à être le « tombeau » de toutes les diplomaties, à avoir raison dans le malheur ! Ne serait-ce que pour sortir du syndrome des "Dix Hommes noirs" prophétisé par un "pape" du milieu littéraire du temps jadis.
Roody Edmé
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