Canada – Élections :
Paul Martin : "Le songe d’une nuit d’hiver"
Dans un monde globalisé et interdépendant, on ne peut plus se permettre de faire fi de ce qui se passe chez le voisin, surtout si ce dernier est puissant et se veut amical. Ceci est vrai pour les Etats-Unis dont les élections sont partout suivies dans le monde, si bien que, circulait il y a quelques années dans les milieux étudiants à Washington, la boutade suivante : « Le locataire de la maison blanche pèse d’un tel poids dans les affaires du monde, que l’on devrait trouver un moyen de consulter les autres peuples sur son profil éventuel ».
Le Canada aussi, devient de plus en plus important, du moins pour nous autres de la « province francophone », compte tenu des engagements fermes de ce pays pris en faveur d’Haïti, et surtout, de la qualité d’accueil offerte à nos immigrants.
Notre pays est particulièrement bien placé sur la liste des pays soutenus par le peuple canadien et un de ses fils, policier retraité de la G.R.C vient de périr à des milliers de kilomètres de son pays, face au soleil, non loin d’une cité du même nom.
Les élections de ce mois de janvier au Canada voient s’opposer le Premier ministre démissionnaire Paul Martin, chef du Parti Libéral à Stephen Harper du Parti Conservateur et Gille Duiceppe du Bloc québécois, Jack Layton du N P D joue surtout aux outsider.
La campagne du Parti Conservateur s’articule autour de la baisse des impôts et le démantèlement des puissants "Lobbys d’Ottawa", une campagne qui rappelle même de loin les thèmes chers aux républicains américains.
Quant à Gilles Duiceppe, il s’accroche au scandale des commandites, une affaire qui éclaboussa le parti libéral à l’époque du gouvernement de Jean Louis Chrétien, Paul Martin alors ministre des finances au parcours jusque là excellent, n’est pas sorti indemne de cet imbroglio politico financier. Le 10 février 2004, en effet, la vérificatrice générale du Canada Sheila Fraser dénonçait l’utilisation abusive de fonds versés à des agences de communication proches du parti libéral dans le cadre d’une campagne publicitaire á caractère électoral. Bien que la commission Fraser n’ait retenu aucune charge contre Monsieur Martin, le dauphin de Jean Louis Chrétien a eu du plomb dans l’aile, au début de son mandat, et a dû diriger avec un gouvernement minoritaire.
En dépit de ce handicap, son gouvernement s’est signalé par une gestion rigoureuse de ce grand pays au système sanitaire si envié, qu’il est piraté par plus d’un étranger et, pas seulement ceux venus des pays les plus pauvres. Il a aussi beaucoup travaillé avec les grands acteurs sociaux, en dépit de quelques grèves dans les secteurs médical et enseignant, pour maintenir vivace le contrat social canadien.
Paul Martin se place délibérément dans la lignée des grands noms du Parti Libéral, en droite ligne de l’héritage de Trudeau. Avec un taux de chômage stabilisé autour de 7%, tout comme l’indice des prix à la consommation avoisinant les 2.8% sans compter une croissance irrésistible depuis 2003, l’homme a un dépôt de bilan à faire pâlir ses adversaires qui l’accusent fort souvent d’improviser. N’empêche que ses marques véritables semblent se situer sur le terrain de la politique étrangère.
La diplomatie canadienne menée par le couple Martin – Pettigrew a montré un Canada ambitieux de jouer un rôle sur l’échiquier international. Le Canada a délibérément opté de parier sur deux tableaux celui du Commonwealth et de la Francophonie, en jouant habilement de l’exception Québécoise. Le « style » P. Pettigrew aux affaires étrangères consiste à demeurer un ferme allié des Etats-Unis tout en gardant une distance critique vis-à-vis de la politique irakienne du puissant voisin. Une attitude quelque peu « gaullienne » qui agace parfois l’ambassadeur des Etats-Unis à Ottawa et provoqua un commentaire peu amène de ce dernier qui « ne souhaite pas à M. Martin de glisser sur une pente savonneuse. ô paradoxe d’une litote !
La diplomatie canadienne est aussi pro-active sur le dossier haïtien, à travers le dynamisme, du député Denis Coderre qui a encouragé récemment les états généraux des « forces vives » de notre pays vivant au Québec.
Si le vote de l’émigration haïtienne est pour le moment partagé entre les quelques militants très actifs qui reprochent au Canada son rôle dans les événements de février 2004 en Haïti et, ceux qui approuvent son rôle dans la reconstruction d’Haïti, il faut dire que le geste posé par Martin en direction d’une femme compétente venue des îles, Madame Michaelle Jean, risque tout de même de peser lourd dans la balance. Réélu ou non, il rentrera dans l’histoire du "grand Canada qui réussit". En attendant, les candidats entament le dernier tour de piste, les élections étant prévues pour le 23 janvier, une piste aussi abrupte et raide que la côte des neiges.
Roody Edmé.
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