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Friday, December 09, 2005

Le bourbier irakien

Le bourbier irakien:

Sans nul doute, l’armée américaine est en difficulté en Irak et, les scénarios les plus optimistes établis peu de temps avant le guerre ont tournés au cauchemar. Il se trouve que d’un point de vue qualitatif, aucune armée au monde ne peut égaler celle des Etats-Unis mais l’aventure irakienne présente des complexités qui en font  une véritable boite de pandore.
Les premières victoires faciles de l’armée des Etats-Unis avaient confirmé ce que tous les spécialistes savaient à propos de la supériorité de la technologie militaire américaine. Dans le désert irakien, le super tank américain M-1A2 a surclassé sa rivale soviétique, le T-72, reconnu par les experts occidentaux comme un des meilleurs véhicules de toute l’histoire de l’infanterie. Cependant, les M-1A2 équipés de systèmes de détection particulièrement performants identifiaient les tanks irakiens à 4000 mètres de distance, bien avant que ces derniers ne puissent enregistrer leur avance.
Ce furent donc la combinaison des chars, nouvelle génération, d’hélicoptères apaches bourrés de technologie et des forces spéciales hyper entraînées qui terrassa une armée irakienne qui faisait pas le poids dans une guerre conventionnelle classique.
D’un point de vue stratégique, les deux guerres du golfe ont achevé de démontrer que les Etats-Unis pouvaient projeter leur puissance de feu sur de grandes distances. Aucune autre puissance ne détient, pour le moment, la capacité de faire valoir de telles capacités offensives à une échelle intercontinentale. Une flotte d’avions de transport C-17 peut  transporter en 36 heures tous les véhicules lourds d’une division entière, d’une base aux Etats-Unis à un point quelconque du golfe persique, selon des expertes de l’institut stratégique de Londres.
C’est peut être fort de cette puissance de feu inégalée que les architectes actuels de la politique américaine ont opté pour l’intervention en Irak. Seulement, la réalité du terrain présente une foule de complications politico ethniques qui se sont révélées au grand jour, une fois le "verrou  Saddam Hussein"  sauté.
A Washington, on avait quelque peu sous-estimé les rivalités inter-ethniques et l’infiltration de la nébuleuse Al Qaida. Les hommes de Zar Quawi ont montré une capacité de nuisance certaine sur le terrain. La guérilla fait flèche de tout bois, en frappant toutes les cibles des plus "soft" comme une mosquée shiite au plus "hard", une base américaine située dans la zone verte. Cette stratégie vise à pourrir la situation politique et à gagner du temps pour piéger les agendas établis par les autorités américaines et irakiennes. Une des cibles, indirecte, est à coup sûr l’opinion publique américaine qui commence à se lasser d’un conflit peu engageant sur le plan médiatique. La fatigue vient du fait que les images montrées à la télévision ne sont pas celles d’une nation en pleine reconstruction mais celles de pipe-line en feu ou de voitures éventrées.
La coalition a quand même un agenda bien engagé, les élections du mois de décembre constituent un autre petit pas dans ce "désert" miné de la politique irakienne. Le procès de Saddam Hussein s’annonce assez mouvementer et les témoignages qui vont affluer à la barre ne manqueront pas de rappeler les justificatifs de la guerre. Même si, dans le camp de Saddam, les premieres salves semblent indiquer la stratégie du "procès dans le procès".
La pression monte à Washington pour un retour des GI’s à la maison, et certains adversaires du conflit profitent de l’impact psychologique des fêtes de Noël pour exiger un calendrier de retrait. On voit mal, le Pentagone ordonné le retrait des boys, alors que "the job is not done yet". L’Amérique ne peut reculer au beau milieu d’une conjoncture tumultueuse, à quelques jours du scrutin de décembre, mais elle ne peut non plus faire la guerre indéfiniment. C’est donc la quadrature du cercle !

Roody Edmé
    

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