Proche-Orient « Un conflit de type nouveau »
La guerre qui s'étale à la une de nos médias avec une indécence meurtrière présente les caractéristiques de ces nouveaux conflits du 21e siècle. Il ne s'agit pas de l'opposition traditionnelle entre deux Etats, même si dans ce cas-ci le Liban paie un tribut particulièrement lourd ; conséquences multiples des attaques israéliennes.
Il s'agit au fait d'un Etat, en l'occurrence Israël qui combat une guérilla aux méthodes assez nouvelles et qui est en mesure de porter le danger à l'intérieur de son territoire. Cette guérilla de confession chiite a pour base le sud du Liban et est soutenue par le gouvernement chiite iranien. Un Liban ou cohabite dans un fragile équilibre de multiples confessions entre autres chrétienne et sunnite. Il y eu par le passé des affrontements entre ces différentes confessions qui s'observent depuis en chiens de faïence.
La stratégie militaire israélienne semble être de frapper toutes les communautés pour les porter à se dresser contre la guérilla du Hezbollah, « fauteuse de guerre ». Le message de Tsahal délivré aux libanais à coups de missiles et de bombes au phosphore se résume ainsi : «Assumez toutes les conséquences de la présence du Hezbollah sur votre territoire». Les dommages collatéraux sont le prix à payer par un Etat qui accepte sur son territoire, une organisation terroriste. De son côté le Hezbollah a développé grâce à des roquettes fournies par Téhéran via Damas, une capacité de nuisance meurtrière pour la population israélienne. Même si les roquettes du Hezbollah ont l'air de feux d'artifice par rapport aux missiles guidés au laser de Tsahal, n'empêche qu'ils provoquent des dégâts chez les civiles israéliens.
Une autre caractéristique de ce nouveau type de conflit est le non respect des accords de Genève sur le type d'armes utilisés en situation de guerre, et les attaques systématiques sur les populations civiles. Il n'y a pas de ligne de front, il s'agit de punir collectivement les populations pour les porter à faire pression sur les acteurs politiques et la communauté internationale. Cette approche avilissante pour la condition humaine inaugure sous les auspices les plus sombres ce nouveau millénaire. Ces nouveaux conflits ne peuvent être lus selon la grille traditionnelle de guerre froide, ni même comme « choc de civilisations » dans ce cas particulier, les « civilisations » en elle-même ne sont pas des acteurs de l'histoire ; les parties en conflit regroupent des Etats aux politiques et aux alliances diverses. A l'intérieur même du monde arabo-musulman, il existe une rivalité meurtrière entre Sunnites et chiites dont le théâtre sanglant est l'Irak. Toutefois, certains théoriciens fondamentaliste musulman et chrétiens entretiennent dans leurs discours cette opposition qu'ils estiment fatale. La nouvelle pensée laïque et moderne de ce nouveau millénaire devra batailler dure pour sortir de ce manichéisme qui d'un côté prône un discours haineux contre « les croisés et les juifs » et son corollaire l'islamo phobie raciste.
Ce qui se passe au Proche-Orient est malheureusement un cas d'école des conflits qui nous attendent dans ce siècle et qui de Bagdad à Bombay en passant par Beyrouth se nourrit de l'anonymat des victimes. Henri Barbusse, qui obtient le prix Goncourt en 1917 écrivait : «Deux armées qui se battent, c'est comme une grande armée qui se suicide» ! Aujourd'hui, le feu menace « Les troncs, les arbres, les cœurs… tout le bouquet d'humanité » pour reprendre le poète Paul Eluard.
Roody Edmé
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