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Saturday, December 30, 2006

De Villepin assiégé

La machoire serrée, le teint violacé, le regard fulgurant dirigé contre son adversaire socialiste, François Hollande, Dominique de Villepin sort de lui-même et lâche un mot de trop dans l’auguste hémicycle de l’Assemblée Nationale française. La télévision fait alors un gros plan sur les bancs où se tiennent les parlementaires socialistes ulcérés, réclamant la démission de l’hôte de Matignon. Le Premier ministre venait de qualifier de « lâche », le leader de l’opposition socialiste François Hollande.

La vérité est que ce dernier avait astucieusement glissé une question particulièrement embarrassante pour Monsieur de Villepin, tentant de l’associer à un mini scandale qui secoue la firme E.A.D.S, un fleuron de l’industrie française. Cette nouvelle affaire ajoutée à celle déjà pas très nette du « clearstream » était un coup mortel porté à une bête blessée, acculée et sans tanière, puisque à l’U.M.P même, une cabale est menée tambour battant par certains députés pro-Sarkozy pour obtenir le départ du chef du gouvernement.

Le destin du premier des ministres de France ne tient qu’à un fil qui s’appelle Jacques Chirac. Le Président de la République se résignera-t-il à se débarrasser d’un premier ministre trop encombrant qu’il traîne après lui, bon gré, malgré, un parfum obsèdant de scandale. L’affaire « clearstream » fait curieusement apparaître Monsieur de Villepin comme un pêcheur en eau trouble et, ce qui semble avoir été monté pour nuire à Sarkozy a un effet boomerang sur l’avenir présidentiable d’un de Villepin qui fait aujourd’hui figure d’un aristocrate décadent.

Pourtant cet homme fin dans ses gestes, maniéré, comme tout bon français éduqué, au verbe élégant et solennel a perdu son contrôle et s’est laissé aller à Villepender son adversaire politique. L’homme s’est repris et a présenté des excuses, mais le mal est déjà fait et ses opposants font choux gras dans la presse de l’énervement du premier ministre. On parle beaucoup dans la presse de sa nature dissimulée, de l’orage qui germe dans son œil livide. Encore un peu, on parlerait de Néron et d’Attila.

Dans l’Hexagone comme ailleurs, on adore descendre en flamme les politiques imprudents dont la carrière finissent par faire long feu. Dans un coin de l’Elysée cependant, un homme observe la scène politique. Le président Chirac n’a pas beaucoup de cartes en main, lui qui avait toujours rêvé de la présidence depuis sa plus tendre enfance est, sans nul doute un « darati » dans la politique. Il doit avoir encore plus d’un tour dans son sac, le vieux boxeur est toutefois coincé dans les cordes, et sous les coups redoublés de l’opposition et des membres de son propre parti, il a la vue plutôt trouble. Pourtant, la fronde monte au sein de l’hémicycle et, des pavés de Paris semble s’amplifier le bruit sourd de la clameur publique, celle dont est coutumière une France rebelle et contestatrice à quelques jours d’un certain 14 juillet. Quant à Dominique de Villepin, un journaliste faisait remarquer non sans humour, qu’il prenait plaisir à humilier ses adversaires plus petits de taille comme Sarkozy ou Hollande et que cela ne le grandissait pas plus.

Roody Edmé

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