Les journaux spécialisés des Etats-Unis et d’Europe regorgent d’articles consacrés à la Chine et à l’Inde : deux puissances émergentes d’une Asie désormais multipolaire. Si ces deux pays posent un nouveau défi sur le plan des relations internationales, le principal adversaire aux yeux des experts de Washington demeure la Chine millénaire et encore mystérieuse, malgré sa présence plutôt «massive» sur les circuits commerciaux mondiaux.
Un géant dont les ambitions sont aussi grandes que sa taille géographique et qui a déjà montré sur le théâtre commercial européen ou latino-américain ses énormes capacités exportatrices. Pékin, malgré ses préférences idéologiques affichées, semble plutôt faire preuve de pragmatisme, prenant en compte les seuls intérêts vitaux d’une Chine expansionniste. Tour à tour offensif et conciliant, les dirigeants chinois ont abandonné toute forme d’orthodoxie pour une harmonisation de leurs relations avec qui veut bien recevoir leurs produits ayant, depuis Deng xio Ping adopté le commerce comme deuxième «langue nationale» après le chinois.
Ainsi s’explique leur rapprochement avec New Delhi, une ancienne rivale déclarée. La chine est prête à faire jouer certaines solidarités asiatiques notamment sur la question énergétique, dossier tout de même préoccupant, pour ces deux pays aux taux de croissance qui font rêver. Soufflant le chaud et le froid sur ses rapports avec Taiwan, n’hésitant pas à infliger à cette dernière un « set back » diplomatique dans ses relations avec Haïti, elle a tout de même cessé de menacer ouvertement Taipeh et arrêté ses manœuvres militaires pour le moins provocatrices en mer de Chine. Si la Chine a conscience de son poids politique dans une Asie rayonnante de santé économique, elle refuse pour le moment toute confrontation hégémonique avec l’Inde et même le Japon.
L’inde pour sa part occupe désormais un siège permanent au sein de l’association des nations du sud-est asiatique et s’arrange par une série d’accords commerciaux régionaux pour renforcer ses liens privilégiés avec nombre d’états de la région. Elle a en outre, une présence militaire maritime bienfaisante dans le détroit de Malacca, propre à décourager les pirates qui écument la sous région.
Pékin et New Delhi ne sont nullement intéressés à se « crêper le chignon » à un moment où les deux géants ont soif de pétrole, précieux liquide qui fait carburer leur croissance. Les deux capitales se sont même données la main dans la recherche de l’or noir et s’emploient à éviter toute concurrence qui ferait s’enflammer encore plus le cours du bruit.
Et ce, malgré le coup de poker de la Maison Blanche qui a récemment reconnue à l’Inde, le statut de puissance nucléaire, en coopérant ouvertement avec elle, échangeant même de la technologie sensible, classée "secret défense" et sûrement interdite à sa voisine la Chine.
L’Amérique est-elle en train de faire "ti difè boulé" entre deux puissances nucléaires tranquilles et amicales mais qui ont tout pour s’opposer. Si les américains semblent "passer la pommade aux indiens" ce n’est sûrement pas à cause du Taj Majal ou de la réputation sans cesse grandissante de Bollywood, c’est plutôt à cause de cette remarque de John Negroponte, nouveau tsar du renseignement américain : « l’influence de la Chine ne cesse de s’étendre, si bien que celle-ci risque de devenir un jour un adversaire susceptible de concurrencer à armes égales avec les Etats-Unis »
L’Inde dont la force aérienne a été longtemps dominée par la présence de migs de fabrication russe, se payera bientôt des F-16 et F-18 ultrasophistiqués venant des Etats-Unis. L’Amérique utilise la stratégie du contrepoids face à une Chine de plus en plus remarquable, à la croissance dopée. Mais l’Inde aussi doit veiller à l’équilibre fragile d’une région à qui semble appartenir l’avenir. Les jeux sont loin d’être faits et toute la sagesse millénaire de l’Asie sera soumise à rude épreuve.
Roody Edmé
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