Ailleurs vu d'ici

Global Voices en Français

Saturday, December 30, 2006

LE VERDICT

___________________________________________________________________________

L’Amérique a parlé, le peuple a redistribué les cartes. Les démocrates ont désormais la majorité à la chambre des représentants et au moment d’écrire cet article la bataille pour le sénat était très serré. Le président Bush, tirant rapidement les conséquences du vote, a annoncé le départ de Donald Rumsfield et son remplacement par le Dr Robert Gates au Pentagone.

Le check and balance a encore une fois fonctionné dans la plus puissante démocratie du monde. C’est vrai que l’électorat conservateur malmené par les scandales de mœurs qui ont secoué son leadership n’a pas répondu aux attentes de Karl Rove, le stratège du parti républicain qui tablait sur un certain populisme de droite. En Virginie par exemple, Georges Allen du parti républicain et Jim Weeb du parti démocrate ont fait campagne en portant des bottes (texanes) pour Allen, tandis que Weeb montrait ostensiblement ses bottes d’ancien combattant des marines. Surprenante Amérique où porter des bottes, c’est tout un programme !

En dehors de questions renvoyant à l’autorisation ou nom du mariage Gay ou à quelques faits relevant du folklore local; jamais depuis la guerre du Vietnam, l’international n’avait eu une telle priorité dans le débat politique aux Etat-Unis. Dans une Amérique souvent tentée par l’isolationnisme, l’Irak s’est peu à peu imposé comme une problématique vitale, chaque soldat tombé sur le sol irakien est originaire d’une contrée de l’Amérique profonde qui ne pouvait pas ne pas se sentir concernée par l’ampleur des pertes. Le pays de Wilson et Monroe a certes l’habitude de gagner des guerres et est convaincu de son rôle de leader du monde libre, seulement quand la bataille semble perdre de son sens et est de plus en plus critiquée " at home ", le moral des hommes de troupes en prend un coup et cela rappelle l’Indochine. Et défilent les images des rizières en feu de Quan tri, du massacre de May Laї, de l’enfer du golfe du Tonkin qui s’apparente à ce qui s’y déroule aujourd’hui dans le golfe persique. Toute une géographie douloureuse qui revient dans la mémoire des anciens combattants et d’une certaine jeunesse " Peace and Love " des années 70, à l’époque de chansons rebelles de Bob Dyland ou de Joan Baez. Toutefois les guerres ne sont pas toutes " justes " et n’ont pas le prestige du débarquement en Normandie, de la libération de Paris ou même de l’opération punitive contre les talibans après le " jour d’infamie " du 11 septembre 2001.

Surprise et choquée après la provocation ultime du 11 septembre, l’Amérique riposte à l’aveuglette en cherchant à éliminer les " Etats voyous " dans un Proche-Orient où gisent les réserves stratégiques en pétrole de la planète. Le plan du grand Moyen-orient démocratique concocté dans les cercles " neocons " à Washington s’est heurté au pourrissement de la question palestinienne qui s’enfonce dans une conjoncture on ne peut plus boueuse, la dernière opération militaire israélienne baptisée " nuage automne " ne laisse place à aucune éclaircie.

Il faut donc une autre politique pour le Moyen-Orient qui laisserait plus de place au multilatéralisme, de même pour l’Amérique latine qui refuse désormais l’étiquette de " banana Republic " et qu’une féconde littérature de Miguel Angel Asturias à Gracia Marquez évoque avec lyrisme.

Les démocrates semblent vouloir proposer cette redéfinition de la politique étrangère et répondre à cette question qui hante la mémoire collective de ce puissant pays : " Sommes-nous une exception ou un exemple ? ". Nancy Pelosi sera peut-être la présidente de cette nouvelle majorité et c’est elle, première femme, à ce poste qui devra venir avec des propositions nouvelles en politique étrangère et les négocier avec un président Bush diminué mais qui dispose quand même du droit de veto. Quelles sont les options qui s’offrent désormais à un président habitué à gouverner avec une majorité qui lui est acquise ? Faire un peu à la manière de Clinton en 1994, dirigé un peu plus au centre, ou passé deux années dans un combat politique interminable en attendant les présidentielles. A propos, dans chaque camp on voit apparaître de grosses pointures susceptibles d’incarner l’espoir pour leurs partis respectifs : Jhon MC Cain pour les républicains et Hillary Clinton et ou Barak Obama, ce brillant avocat diplômé de Havard pour les démocrates. Quoiqu’il en soit au # 3 de la rue Goulag, à la maison du journal, nous suivrons pour vous la prochaine campagne présidentielle où on annonce entre autres, peut-être une autre femme noire candidate... Condee Rice.

Roody Edmé

0 Comments:

Post a Comment

<< Home