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Thursday, August 24, 2006

Le chantage Nord-Coréen

La Corée du Nord est l'un des rares pays qui garde encore les rideaux baissés même après la chute du mur de Berlin et, le règne du libéralisme planétaire. Rare sont les images qui parviennent de ce territoire qui sait comment enfouir ses secrets et les protéger de « l'œil caien » des satellites sud-coréens et américains qui cherchent à soulever le voile sur le régime de Kim Jong-il.

Le 4 juillet, jour de la fête nationale des Etats-Unis, alors que dans le ciel américain brillait de mille feux d'artifice festifs, Kim Jong-il, en vrai « Bad Boy » décide d'allumer ses propres pétards. En effet, Puongyang venait de procéder à l'essai de ses nouveaux missiles Taepodong-2, lesquels missiles devaient s'abîmer quelque temps après leur lancement dans la mer du Japon. Ces essais peu concluants ont rassuré la communauté internationale sur les capacités réelles de la technologie Nord-Coréenne. Mais qu'importe, le dictateur le plus stalinien du post-communisme adore la publicité pour son bazar nucléaire, une manière de faire pression sur le président Bush en vue d'obtenir des négociations directes avec Washington sur un dossier particulièrement sensible. Un président Bush qui a déjà dans les bras, le « bébé nucléaire iranien », sans oublier, un engagement militaire en Irak on ne peut plus « ensabler ». Définitivement la décision d'intervenir en Irak ne s'est pas révélée payante sur le plan régional, les armes de destruction massive se retrouvant un peu partout en Orient, sauf dans l'ancien Califat de Bagdad. Comme dans un western de Sergio Leone, les ''Cow boys'' se sont lancés sur une fausse piste et leur décision récente d'abandonner « les vaches israéliennes à l'assaut des pâturages libanais » nous éloigne encore plus du grand projet républicain de Moyen-Orient démocratique. Mais qu'importe, en dépit des sondages qui accusent l'impopularité de sa politique étrangère, le président persiste et signe. Et sa déclaration à savoir « si nous abandonnons l'Irak, l'ennemi nous suivra à la maison » peut avoir quelques échos dans une Amérique profonde habituée à vivre au rythme des alertes au terrorisme. Le chantage nord-coréen a d'autant plus de poids que les observateurs s'accordent à penser que Kim Jong-il pourrait être tenté de vendre du combustible nucléaire à un État ou … à un groupe terroriste. Mais personne ne croit vraiment que la Corée du Nord cherche un chambardement dans la région et, aucun membre de la communauté internationale ne souhaite voir s'effondrer le régime nord-coréen comme celui de Saddam Hussein. Abattre l'ennemi est une chose, mais le chaos est encore plus difficile à gérer surtout que la Corée fait frontière commune avec la Chine. Quoiqu'il en soit, l'armée nord-coréenne en effectuant ses nouveaux tirs met dans l'impasse les tentatives de rapprochement avec la Corée du Sud et la politique du « hérisson » qui consiste à s'enfermer dans sa carapace, tout en pointant ses dards, est à terme contre-productive.

La semaine dernière, les services secrets occidentaux signalaient une explosion souterraine quelque part dans la péninsule nord-coréenne. Il est clair que chaque fois que le maître de Pyongyang estime que l'on ne prend pas assez au sérieux ses exigences, il déclenche une crise. Sa propension pour le boucan atomique correspond moins à une folie des grandeurs qu'à un besoin pragmatique de devises que les sanctions américaines commencent à rendre aussi précieux que l'oxygène. Washington avait jusqu'à là espéré que la Chine finirait par se lasser des entourloupettes du galopin Kim, en mettant une fois pour toute, les pendules à l'heure avec son allié nord-coréen. Mais la Chine comme une ''tutrice'' trop tolérante semble avoir pour Kim une patience infinie. Mais, juste en face, au Japon, l'humeur est assez grise, pour que certains médias imaginent déjà des ''fantomatiques guerriers'' samouraï se lançant à l'assaut de la péninsule coréenne, au cri de « Banzaï ». Une situation on ne peut plus complexe qui réveille les souvenirs brumeux du conflit du milieu du siècle dernier. Le Japon voit en effet d'un bien mauvais oeil ce ballet de missiles au-dessus des villes niponnes. Kim jong il fils du puissant dictateur Kim il Song veut surtout montrer à l'heure des négociations statégiques avec les Etats-Unis que « pitit tig se tig ». Et si la menace appelée Pyongyang, régime au bord de l'implosion, à l'image des moulins de Don Quichotte, n'était guère qu'une chimère , s'interrogeait une éditorialiste de la presse asiatique cette semaine.

Roody Edmé

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