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Tuesday, August 15, 2006

Proche-Orient : Le retour de la diplomatie

Le Conseil de sécurité a adopté vendredi soir à l'unanimité de ses quinze membres une résolution en faveur d'un arrêt des hostilités au Proche-Orient, entre Israël et le Hezbollah. La résolution 1701 prévoit l'envoi au sud Liban de quinze mille hommes sous l'égide des Nations Unies. Un renforcement en fait, de l'effectif de la FINUL qui opérait déjà dans la région. Cette force sera placée sous le chapitre 6 de la charte de l'organisation mondiale et non le chapitre 7 comme le souhaitait Tel Aviv. Un tel mandat donnerait à la force la capacité d'intervenir pour faire respecter un éventuel cessez-le-feu. Les diplomates à l'ONU, prenant en compte, les objections libanaises ont préféré opter pour une structure internationale d'encadrement de l'armée libanaise.

Ce qui est fondamentalement en jeu dans cette résolution, c'est la souveraineté reconquise du Liban sur l'ensemble de son territoire. La fin des milices confessionnelles balkanisant un territoire où vivent des populations à options religieuses différentes. La bonne nouvelle est que les principaux belligérants semblent accepter cette résolution accouchée aux forceps. Le Liban n'a pas le choix, compte tenu de la note salée qu'elle aura payé pour une guerre qu'elle n'a pas choisie. Israël non plus, pour avoir été surpris par la résistance des combattants du Hezbollah enterrés dans la plaine et la montagne de la Bekaa et qui ont remporté la bataille psychologique sur une armée réputée invincible. Le show guerrier de Tsahal, légitime au départ, a tourné au cauchemar en raison des victimes civiles et, de la disproportion d'une riposte d'autant plus aveugle que le Mossad (service de renseignement israélien) a semblé manquer des balises nécessaires pour informer les militaires sur les mouvements de la guérilla du Hezbollah.

Un des pays qui a su tirer son épingle du jeu dans ce conflit est la France. Le pays de Chirac a tout de suite pris à cœur la situation dramatique du Liban et a réussi, sans se fâcher avec son puissant allié outre atlantique, à pondre une résolution où tout le monde perd et gagne quelque chose. Assez affaibli sur le plan intérieur, Chirac aura marqué un point de politique extérieure, qui, après la prestation de l'équipe de France en coupe du monde, réhausse une fois de plus, l'image de son pays et par ricochet d'un gouvernement qui prenait eau de toute part. Apparaissant comme un leader incontournable du monde actuel, le président Chirac affirmait le soir de la résolution : ''conformément à ses responsabilités, la France prendra sa part dans la mise en œuvre de la résolution 1701 en ce qui concerne la nouvelle FINUL'' ; tandis que son ministre des affaires étrangères Douste-Blazy souhaitait que la communauté internationale « offre demain au peuple palestinien ce qu'elle offre aujourd'hui au Liban … il y va de l'avenir d'une région qui a trop souffert et qui doit renouer avec la paix ». Comme pour compléter la bonne fortune, la France annonçait la mise en orbite d'un satellite de communication, nouvelle génération, Syrius 3b particulièrement efficace pour les communications militaires des troupes en mission à l'étranger.

Toutefois, la résolution une fois passée il reste encore à l'appliquer. Les traumatismes d'un mois de conflit aussi brutal que soudain prendront du temps à s'estomper. Il faut s'attendre maintenant à des règlements de compte à l'intérieur aussi bien du Liban que d'Israel sur les passifs d'une guerre sans objectif. La résistance du Hezbollah même célébrée dans l'opinion publique libanaise laisse quand même un goût amer sur le ''prix effroyable pour tant d'honorables exploits'' selon un journal libanais édité en français. Alors que la presse israélienne s'interrogeait : « Peut-on faire entrer en guerre un pays entier et n'obtenir qu'une humiliante défaite et rester au pouvoir ? ».Une manière de critiquer le gouvernement Olmert pour son amateurisme dans la conduite de la guerre. En attendant, Israël poursuit frénétiquement son offensive comme pour se rassurer que les roquettes du Hezbollah ne menaceront plus le Nord de son territoire. Le temps joue donc contre la paix. D'autant qu'à Damas le silence est lourd de conséquences. Vivement le retour de la diplomatie pour freiner les extrémismes de tous bords au moment où la terreur guette une fois de plus dans le ciel.

Roody Edmé

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