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Monday, January 29, 2007

Lula : Nouvelle aube ou crépuscule ?


Le Brésil est avec l’Inde et la Chine de ces nouvelles puissances qui entendent changer la « face » du monde. Ce géant d’Amérique du Sud s’affirme de plus en plus comme une puissance mondiale. En 2003, le pays de Lula a achevé sa transition démographique avec une fécondité qui est passé sous le seuil du renouvellement des générations. L’agriculture s’est considérablement modernisée et est la deuxième du sud derrière la Chine et le tertiaire représente 60% du Revenu National Brut (RNB).

C’est en 2002 que le syndicaliste Lula Da Silva devint le nouveau président de cette puissance du Sud. On s’attendait alors dans les chancelleries occidentales à la mise en place d’une politique populiste de la part du premier gouvernement de gauche de l’histoire du Brésil. Mais très tôt, le chef du Parti des Travailleurs brésiliens affirma ne pas vouloir tomber dans les tentations de « l’électoralisme ». Même que le pays afficha très vite quelques succès économiques à faire pâlir d’envie ces voisins d’Amérique du Sud. A la clé, une réduction de la dette publique, une stabilisation du réal et une inflation sous contrôle autour de 6%. Le commerce extérieur n’est pas en reste, les exportations ont atteint en 2004 plus de 90 millions de dollars. Les entreprises brésiliennes encouragées par cette expansion commerciale ont commencé à se lancer sur les marchés extérieurs et à s’établir en Chine, en Inde et même au Moyen Orient.

Quelques échecs cuisants ont quand même jalonné le parcours de l’administration Lula. Un parfum insoutenable de scandales à répétition a incommodé l’opinion publique brésilienne entraînant des démissions spectaculaires qui n’ont laissé intacte l’image du chef de l’État. Le gouvernement a commis l’erreur d’occuper toutes les avenues de l’administration publique souvent avec des hommes qui n’ont pour tout crédit que leur passé de militant politique. Le programme « d’apaisement social » baptisé « Faim zéro » étendard de gauche de la présidence, a longtemps été critiqué dans l’opinion publique, le président a vite rectifier en mettant au point le programme Bolsa Familia, qui de fait est considéré comme un succès jusque dans les bureaux feutrés de la Banque Mondiale.

Le programme Bolsa Familia présente en effet, l’avantage de mettre l’accent sur la responsabilisation à terme des bénéficiaires qui devront en fin de compte créer leur propre activité. Ce programme d’appui stratégique aux familles qui vivent dans la précarité aurait touché en 2006 environ 30% de la population. On peut déjà en termes statistiques constater une réduction de 9% du taux général de pauvreté, tandis que selon l’économiste Jérôme Sgard la proportion vivant avec moins d’un dollar par jour a été réduit à 5,3% contre un maximum de 12.4% en 1993.

Toutefois devait-il souligner dans un de ses articles fort prisés dans les milieux universitaires « En dépit d’une réduction des inégalités … les écarts entre classes sociales sont toujours énormes… et les revenus des classes moyennes n’ont fait que stagné »

Un autre grincement dans la machine administrative de Lula est la faiblesse du système financier brésilien qui, en dépit de quelques succès de la Banque Centrale dans le maintien d’une orthodoxie financière, continue à afficher un portefeuille de crédit relativement faible pour un pays aussi gigantesque et dynamique. Le magazine radiodiffusé « Investir » attirait récemment l’attention des auditeurs haïtiens sur l’importance des secteurs financiers organisés dans la croissance soutenue d’un pays.

Si le Brésil ne fait encore figure de « Dragon » mais de « Baleine » de l’économie mondiale, aux dires de certains spécialistes, cela est du à une croissance encore modeste, pour ne pas dire pauvre !

Mais les désillusions du « peuple de gauche » brésilien se trouvent sublimé dans une politique internationale volontariste assumée avec brio par le chancelier Celso Amorim dont une photo publiée à la une de notre quotidien annonçait la quatrième visite dans notre pays. La diplomatie brésilienne fait flèche de tout bois et entend par une série d’accords stratégiques créer « une nouvelle géographie économique et commerciale », par le renforcement du MERCOSUR et une présence remarquée sur tous les théâtres de négociation dans la région et dans le monde. Porte-parole du sud dans les forums alter mondialistes, dont Porto-Alegre est la ville emblématique, le Brésil de Lula fascine pour son football mais aussi pour son bel élan que certaines « méchantes langues » qualifie déjà de sous- impérialisme. A l’heure du dépôt de bilan, le syndicaliste devenu président est prêt pour un nouveau mandat. La rubrique Monde de notre journal suivra pour vous ce grand rendez-vous Sud-Américain dont le premier tour commence ce 1er Octobre.

Roody Edmé

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