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Saturday, December 30, 2006

Carnaval et Renaissance

Ils étaient des milliers au Champ de Mars pour fêter le carnaval, des milliers de poitrines pour crier leur joie, leur frustration mais surtout leur besoin d’un pays.

Cette année le carnaval avait un cachet particulier, une sorte de souffle épique s’échappait des libations d’une foule chaque jour plus compacte, plus joyeuse, plus festive mais aussi revendicative. Un mot sur toutes les lèvres : ‘‘la pè nap mande’’. Nos artistes ont été à la hauteur des défis de l’heure, en dehors de quelques dérapages ‘‘pornographiques’’ dans le discours d’un des ténors de la jeune musique haïtienne, mais heureusement, point de cela au troisième jour. Le comite du carnaval a fait son possible pour renouer avec l’aspect artistique et merveilleux du ‘‘tan lontan’’, en dépit du maigre budget d’un État faible, pour ne pas reprendre le cliché d’État en faillite. On a senti cette année, une renaissance, une volonté de détente sociale et politique pour que vive Haïti.

Devant mon petit écran, j’avais, je l’avoue en toute humilité, la distance froide du tube cathodique avec cette foule en mouvement sur la place des héros, mais les équipes des différentes chaînes ont fait leur possible pour relayer l’ambiance et nous donner une vue d’ensemble du cortège. Ti djo Zeni et ses appels enthousiastes pour la réconciliation, T-vice et sa quête de la paix, Djakout pour le côté explosif de sa meringue, Mass Konpa et sa chaleur contagieuse, Wyclef, éternel enfant du cirque, et son rêve obsessionnel d’un pays. Et derrière tout ce beau monde, une femme courageuse, madame Magalie Comeau Denis, avec l’appui de son gouvernement, elle a su transformer le Champ de Mars en une vaste scène de théâtre. En vérité, comme disait Kant ‘‘le beau est ce qui plait universellement sans concept’’. Puissions-nous conserver ce momentum, cette générosité dans le partage du sensible qui a fait descendre sur le macadam, notre danseuse Viviane Gauthier, plus jeune que jamais. Gardons donc cette flamme et soyons à la hauteur, pour que l’an prochain, le mardi gras ne vienne nous rire au nez.

Roody Edmé

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