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Monday, January 29, 2007

Etats–Unis- Elections : " Pour qui sonne le glas? "

Nous sommes à un mois d’une élection vitale pour le changement de la majorité au congrès des Etats-Unis. A l’heure où nous écrivons cet article, personne ne sait si elle sera résolument démocrate ou républicaine. Même les sondeurs sont prudents, et pourtant, les observateurs de la politique américaine perçoivent un changement dans l’air, un renversement de majorité tel que l’on n’a jamais connu depuis 1994.

Les républicains qui jusque là avaient bien en main les leviers de la gigantesque machinerie politique de la plus grande puissance du monde semblent peu à peu perdre les pédales. La réélection du président Bush le 20 janvier 2005 était apparue comme une approbation de ses choix stratégiques et idéologiques spécialement en matière de politique étrangère. A l’orée de son mandat, le président annonçait, im petto, que l’objectif ultime des Etats-Unis était de "mettre fin à la tyrannie dans le monde". Toute chose qui siait bien avec la vocation libérale d’une Amérique qui n’a jamais été aussi forte, malgré le viol tragique de son territoire le 11 septembre 2001.

Le président des Etats-Unis s’était senti rassurer par le bon déroulement des élections en Afghanistan, en Irak, dans les territoires palestiniens ; sans oublier la fièvre révolutionnaire et démocratique qui se répandait en Georgie et en Ukraine dans les confins même de la Russie. Le groupe des "neocons", en anglais dans le texte, voyait se dérouler sans coup férir, un agenda longtemps concocté par les principaux idéologues de la première administration Bush. Il s’agit pour Washington de prendre ses distances vis-à-vis des dictatures du Moyen-Orient, tout en continuant à ménager certains alliés incontournables comme l’Egypte et l’Arabie Saoudite, aujourd’hui regroupés en un Conseil de coopération du golfe, désormais pierre angulaire de la politique américaine dans la région.

Toutefois une épine s’est glissée dans la politique américaine au Moyen-Orient et qui l’a rendue boiteuse… " La totale convergence stratégique avec Israël n’a jamais été aussi forte" explique Bruno Tertrais de la revue "Alternatives Internationales". Ce qui est perçu négativement par la rue arabe qui glisse dans un activisme religieux déstabilisateur pour les régimes modérés accusés de vendre leur âme au "grand Satan". Pourtant Washington a depuis quelques mois renoncé à la politique du " tout militaire" pour une approche plus nuancée, plus pragmatique. Sur le dossier du nucléaire iranien et nord-coréen, les Etat-Unis ont privilégié le multilatéralisme et une stratégie de "petits pas" reléguant au plan B ou même C toute idée d’envahir l’un ou l’autre de ces pays.

Mais les républicains jouent de malchance, ce pragmatisme "à la sauce Rice" qui colore la politique étrangère américaine d’une teinte plus modérée est obscurci par l’enlisement en Irak et la récente guerre entre Israël et le Hezbollah. Alors même que le ciel coréen s’illumine de nouveaux "pétards" nucléaires qui ont tout l’air de vouloir montrer au public américain que l’administration Bush n’a pas su éviter la montée des périls. Washington sera tenté de réagir en montrant ses muscles où laissera s’éclaircir l’horizon en se concentrant sur la campagne électorale pour le renouvellement de la majorité. Une campagne qui s’annonce difficile avec les égarements de la vie privée du sénateur Mark Foley et la crispation provoquée par l’onde de choc venue de la Corée du Nord.

Nancy Pelosy, chef de file de la minorité démocrate à la chambre des représentants avait déjà le mois dernier annoncé la couleur en affirmant qu’une chambre des représentants à majorité démocrate lancerait une série d’enquêtes sur le gouvernement Bush. Lesquelles enquêtes viseraient l’équipe énergétique du président et l’utilisation du renseignement à la veille de l’invasion en Irak. Certaines sources proches du Washington Post estiment que 52 députés (40 républicains et 12 démocrates) pourraient prendre leurs sièges. Les Etats-Unis n’étant pas une ‘‘Banana Republic,’’ les démocrates affirment ne pas vouloir aller jusqu'à la destitution du président. Stabilité oblige !

Si le président a perdu son avantage en politique étrangère malgré une assez bonne note pour le dossier latino américain traité avec prudence, la politique intérieure s’est quelque peu ‘‘effondrée’’ depuis les terribles vents de Katrina. Mais les hommes du Président n’ont pas dit leur dernier mot. L’homme n’a-t-il pas gagné son aura de ‘‘Messie’’ sur les ruines du ground zero.

Roody Edmé

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