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Monday, January 29, 2007

“Oser l’avenir”

Qu’on l’appelle dialogue national ou conférence nationale, les secteurs vitaux de la société devraient s’engager dans les prochains mois dans un processus de débats autour de la gouvernabilité et de la stabilité du pays. Des forums qui porteraient sur les fondamentaux de l’État de droit et dont les règles fixées éviteraient tout ‘‘voye monte’’ et ou ‘‘tour de Babel’’. Un exercice nécessaire qui permettrait une mise en perspective de notre avenir du peuple et d’arriver à des accords intégrateurs et refondateurs d’une société haïtienne déliquescente. Il existe une certaine expertise dans les différents comités stratégiques qui ont réfléchi depuis trois ans aux différentes formes que pourraient prendre ce projet. Il s’agira de faire atterrir les propositions et de les rendre progressivement opérationnelles.

Ce besoin de dialogue est palpable dans l’air, on le ressent dans nos interventions dans la presse, dans notre fâcheuse tendance à transformer « nos conflits personnels en conflits nationaux », dans la caravane organisée par les parlementaires. Seule une amélioration de la qualité du lien social peut inverser ces tendances lourdes que sont l’insécurité et la dégradation suicidaire de l’environnement. Notre société à l’urbanité chaotique, inégalitaire et consumériste suscite l’envie de s’approprier du bien d’autrui, surtout quand la richesse se réduit chaque jour à une peau de chagrin.

Le gouvernement lui-même, dans ce marathon pour le développement durable, a besoin d’un second souffle, de support de critique de tous les secteurs pour réussir dans cette mission aussi difficile qu’exaltante. Toute forme d’immobilisme, même apparente, peut faire le jeu des impatients de tous bords et pire, décourager ceux qui avaient repris espoir ! Et alors, se refermera sur nous le piège de l’instabilité, cette pente glissante qui aspire inexorablement les sociétés en faillite. Osons le dire à la place des autres.

Les problèmes sont tellement immenses, les institutions si faibles que toute entreprise de redressement national requiert un patient travail de fourmi. Mais en attendant, la mobilisation générale doit être décrétée autour des problèmes de sécurité, de réhabilitation de nos forêts et de la propreté de nos rues. La ville croule, ces jours-ci, dans la crasse et un grand nettoyage de la cité nous donnerait un peu de dignité dans la pauvreté ambiante. En attendant sur ce point crucial, l’avènement de municipalités révolutionnaires.

La tâche est d’autant plus titanesque qu’elle ne peut être uniquement le lot d’un État faible même volontariste , elle concerne l’ensemble de la société, mais l’exécutif et ou le législatif se doivent de donner le ton. Par exemple, par ces temps de ‘‘séismes judiciaires’’ on aurait souhaiter, si elle n’existe pas déjà, une concertation dynamique entre le ministre de la justice et le forum citoyen pour la réforme de la justice.

Cette société a besoin de nouvelles ‘‘utopies’’ mobilisatrices pour faire pièce à la déprime sociale. Nous avons une population jeune et au chômage, que nous devons former et occuper à des taches civiques, sinon, elle peut être la proie de toutes sortes de sollicitation marginale et risque d’être perdue à jamais pour la République.

Des initiatives entreprises ça et là par l’État et des collectifs citoyens sont à amplifier et à mettre en réseau : le festival du film à Jacmel, le concert de Wyclef Jean dans la cité de Roussan Camille, le mouvement des artistes pour la paix, le projet de Jean-Claude Fignolé de transformer les Abricots en une ‘‘Vitrine du développement durable’’, le projet gouvernemental de récupération du centre-ville, notre ‘‘down town’’, sont autant de projets porteurs qui méritent l’appui de tous. Quant à l’administration publique paralysée entre routine et arriérés de salaires, le gouvernement se doit de créer le cadre nécessaire pour permettre aux employés honnêtes et compétents de donner la pleine mesure de leurs talents.

L’heure est aux initiatives audacieuses, à la rupture d’avec un mode de gestion archaïque, nos cafouillages habituels, l’orgueil national mal placé.

Il faut oser la réconciliation pour bâtir la société de l’intérêt commun, un peu à l’instar de nos fondateurs, à l’époque du... Camp Gérard.

Roody Edmé

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