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Thursday, February 01, 2007

Brésil : Le nouveau pari de Lula.


A l’orée de son second mandat, le président Lula promet d’investir des milliards de dollars dans l’économie de son pays. Une promesse qu’il ne pourra tenir que s’il parvient à faire du Brésil une place forte du grand capital international.

Cela suppose de la part de cet homme de gauche une politique encore plus au centre qui risque de pâlir un peu plus ses « couleurs » socialiste et, de heurter les intérêts des masses qui l’ont porté au pouvoir pour la seconde fois. Mais Lula est un pragmatique qui se méfie de toute orthodoxie. Il cherche ce qui est meilleur pour son peuple, tout en veillant à ne pas s’aliéner les institutions financières internationales.

Sa politique bien dans la ligne d’une certaine social-démocratie s’attire les foudres de ceux qui pensent qu’il a trahi ses idéaux populaires. L’ancien syndicaliste cherche au contraire à innover en modernisant l’économie de son pays tout en continuant à faire des plus démunis les cibles privilégiées d’une politique qui se voudrait plus équitable.

Son problème : c’est un taux de croissance faible qui demeure aux alentours de 3%, c’est donc une économie qui fait montre d’une lourdeur excessive par rapport aux ambitions du chef de l’État. Toute politique de relance nécessite donc de gros apports de capitaux à l’instar de la Chine et de l’Inde, cette dernière qui est entrain de montrer, selon le mot d’un journaliste du Monde Diplomatique « qu’un éléphant peut courir »

La porte étroite pour Lula, consiste à mener une politique de séduction vis-à-vis des entreprises étrangères tout en rafraîchissant ses ardeurs de champion des catégories sociales précaires. Ce qui jusqu’à preuve, il refuse d’admettre. Il annonce au contraire, d’importants développements dans les programmes de bourses aux familles, une amplification et une extension des dits programmes à l’échelle du pays tout entier.

Toute chose qui ne sera pas aisée, dans la mesure qu’au Brésil, les pouvoirs locaux sont très forts et beaucoup de grandes provinces sont administrées par la droite.

Un autre grand défi demeure la corruption qui frappe partout au pays et qui affecte tous les groupements et partis politiques. Le parti du Président lui-même a dû gérer bien des scandales et Lula a failli laisser des plumes. Heureusement qu’il n’a jamais hésité à prendre les mesures qui s’imposent contre un phénomène dévastateur et qui a la vie dure.

L’insécurité n’est pas un moindre défi, et Lula pense qu’il va de pair avec la corruption. Il a un grand besoin de faire reculer cette hydre qui menace de ralentir l’élan de ce géant sud-américain. Sur qui compter pour réussir un tel pari ? Sinon sur un électorat qui a déjà montré ses capacités de mobilisation. Encore qu’il ne faudra pas le perdre chemin faisant.

Roody Edmé

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