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Wednesday, November 09, 2005

PROVOCATION ULTIME

PROVOCATION ULTIME :

Les observateurs de la questions iranienne s’attendaient bien à un changement de cap dans la politique des nouveaux maîtres de Téhéran. Déjà, on supputait beaucoup sur la nouvelle ligne de la diplomatie iranienne à propos des négociations autour du nucléaire et sur les récents développements en Irak.
Cependant, les dirigeants iraniens ont été plus loin que personne ne l’aurait imaginé! La spectaculaire déclaration de Mahmoud Ahmadinejad concernant une éventuelle "disparition" de l’État d’Israël constitue aux yeux de plus d’un, une ultime provocation.
L’effet recherché semble avoir atteint son maximum, un concert de protestations venu du monde entier a accueilli les propos peu amènes du Mollah iranien.
Mais qui est donc ce nouvel homme fort de Téhéran qui n’a pas peur de jouer à l’épouvantail ?
Petite silhouette barbue flanquée d’un costume gris, l’homme a de qui tenir, ancien président des séminaires théologiques sous l’Ayatollah Khomeyni, il a participé activement aux purges idéologiques dans les universités, lors de la "révolution culturelle" islamiste.
Militant de la première heure, le nouveau président est arrivé au faîte de l’État grâce à l’abstention d’une société civile désabusée, déçue par le bilan de ses prédécesseurs réformistes. En appelant au boycott des élections, la société civile iranienne a pavé la voie à ce populiste extraverti qui sait manier la fibre nationaliste et surtout, convertir en gains politiques, le désir de la population iranienne de voir l’Iran devenir une puissance nucléaire. La question que l’on se pose dans certaines capitales du monde est la suivante : Ahmadinejad a-t-il l’aval du guide suprême de la révolution, l’Ayatollah Ali Khameni ? Jusqu’ici la mise en spectacle des contradictions internes su régime iranien servait à nuancer le caractère "unipolaire" des gouvernements en place à Téhéran. Aujourd’hui, le sentiment est que le pouvoir idéologique resserre les rangs face à une crise sociale, 20% de chômeurs, et un contexte géopolitique agité avec pour toile de fond, le projet américain du "Moyen-Orient démocratique".
Mais le discours outrancier et chauvin du leader iranien est peut être l’arbre qui cache la forêt des intentions réelles de Téhéran. Il peut s’agir d’un écran de fumée destiné à arriver en position de force à la table des négociations autour du projet nucléaire iranien et ou un moyen d’occuper une jeunesse, environ 60% de la population, menacée de désœuvrement en raison de la crise économique.
Dans ce contexte, le conflit israélo-palestinien, tache sanguinolente qui macule la carte du Proche-Orient devient la justification de toutes les croisades. Il est claire que la question palestinienne demeure l’enjeu central pour toute résolution globale de la crise dans une région si vitale pour la planète. Les architectes à Washington du "Great Middle East" devraient plutôt s’efforcer de faire appliquer jusqu’au bout la feuille de route pour mettre fin à ce conflit tragique, véritable boite de pandore pouvant mener à toutes les aventures, sinon à ce fameux "Choc des Civilisations" évoqué par l’intellectuel américain Samuel Huttington.
Quoiqu’il en soit, la position apparemment jusqu’au boutiste du chef d’État iranien témoigne d’une nouvelle lecture des réalités de la région. L’Iran sait que Washington aux prises avec le triangle sunnite en Irak ne souhaite nullement, à une année des législatives américaines, y ajouter le "Croissant Chiite". La pénurie des hydrocarbures dans le monde met tout pays producteur de l’or noir en outre, en position de force sur le plan diplomatique. Et puis, la chute de Saddam laisse ouverte la course pour le leadership de la région. En ce début de mandat Ahmadjinedad annonce donc la couleur ; une couleur plutôt gris cendre qu’il affectionne particulièrement.

Roody Edme  

                                                    

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