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Sunday, December 09, 2007

L’autre Afrique

L’autre Afrique

Au moment où s’ouvre à Berlin le sommet UE-Afrique, la presse occidentale se passionne pour un continent qui offre désormais l’image d’une vitalité certaine. Le continent noir n’est plus présenté comme le lieu géographique du sous-développement et des pandémies, mais dans une approche plus nuancée, s’étale à longueur des journaux européens les performances de certains pays comme le Ghana, le Nigeria et même l’Angola producteur de pétrole et d’or qui fait un retour remarqué après trois décennies de guerre civile.

Nathalie Funès, envoyée spéciale du Nouvel Obs. au Ghana avoue être particulièrement impressionnée par la nouvelle santé économique de ce pays en passe d’être une des locomotives de l’Afrique. Les villes du pays sont de véritables chantiers et de partout poussent des hôtels grand luxe et des tours de commerce, témoins d’une croissance économique incontestable.

La croissance économique pour l’ensemble du continent aurait frôlé les 7% en 2007 et le taux d’inflation est désormais au plus bas. Les déficits budgétaires dans la plupart des pays sont contrôlés présentant par ainsi une autre image de certains pays du continent sur le plan de la gouvernance politique et économique.

Ce qui fait que beaucoup d’investisseurs européens débarquent en Afrique et les Etats-Unis qui en faisaient une affaire européenne commencent sérieusement à s’intéresser à l’impact éventuel du terrorisme dans une région qui intéresse pour ses immenses réserves pétrolières et de gaz. La Chine a déjà précédé les autres puissances de la planète dans la course à la séduction de ce continent laissé pour compte depuis la fin de la guerre froide et qui est en passe de devenir aussi prometteuse que l’Asie sur le long terme.

Bien sûr on est encore loin de la truculente fiction du romancier Wabery sur les Etats-Unis d’Afrique et il y a encore 300millions de pauvres là-bas. Mais force est de reconnaître avec un des vice-présidents de la banque Mondiale que l’Afrique est un continent en pleine en ébullition avec des progrès remarquables dans des domaines aussi stratégiques que la santé et l’éducation.

Selon la correspondance de Nathalie Funès intitulée « Le jour ou l’Afrique s’éveillera », le taux de croissance de l’Angola dopée par le pétrole aurait atteint les 26%.Tandis qu’au Ghana en plus d’une gouvernance moderne des institutions étatiques, émerge un secteur privé bien pourvu en capitaines d’industries, femmes et hommes qui partent à la conquête des marchés européens. « La compagnie Blue skies envoie 20 tonnes d’ananas et de mangues dans les monoprix français et les Mark and spencers britanniques ». La classe moyenne Ghanéenne dynamique et de plus en plus élargie est un grand marché interne pour une économie qui ne cesse de croître.

Parallèlement au pays des Bafana Bafana, lisez l’Afrique du Sud, un lourd programme d’investissements a déjà transformé la ville de joanesbourg qui se prépare à frapper un grand coup à l’occasion de la coupe du monde 2010.

Mais le continent noir en dépit de ce nouveau dynamisme souffre encore de ses plaies béantes que sont le Darfour et les quelques régimes peu fréquentables qui bloquent son élan vers le développement. Et demeure selon Richard Banégas de l’Université Paris-1-panthéon-Sorbone : « un laboratoire de la gestion des crises ou s’éprouvent des dispositifs d’intervention militaire et de reconstruction post-conflit ».

Quoiqu’il en soit le continent est aujourd’hui l’enjeu de nouvelles relations internationales et présente des mutations qui augurent un nouveau rôle à l’échelle de la planète. L’un des thèmes en débat dans les ateliers du sommet UE-Afrique porte le titre combien évocateur : « Africa measuring the pulse ».

Roody Edme

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Le Fragile équilibre


La décision du Parquet de poser les scellés sur une compagnie de Sécurité de la place a fait l’objet de nombreux commentaires dans les médias. A chaque fois qu’un fonctionnaire de l’Etat a l’air de faire son travail, on a envie d’applaudir des deux mains... sauf que dans le cas de ce dossier, tel que rapporté dans la presse, on se demande si la sévérité de la mesure qui frappe toute une entreprise est proportionnelle à l’infraction.

Loin de nous l’idée de jouer aux apprentis experts et de commennter à l’avenant les décisions judiciaires. Mais la fermeture d’une si importante entreprise sur une faute commise par un de ses employés pénalise plus d’un millier de salariés. Le fond de l’affaire semble porter autour de la transaction sur une arme illégale et se circonscrire à deux individus du moins selon ce qu’on entend dans la presse.

Ce pays sort d’une période troublée ou toutes sortes d’armes illégales circulaient au nom du « du droit de guerre pour tous » et la CNDDR accomplit avec le secteur Privé, dans le dialogue, un important travail de désarmement, au fur et à mesure que les méfiances tombent et que les frontières entre « ghettos » bourgeois et populaires disparaissent.

Une littérature sociologique devra tôt ou tard analyser la guerre civile de basse intensité qu’a connue ce pays durant ces dernières années et ses conséquences sur la « course aux armements » qui a de manière suicidaire touché toutes les catégories sociales.

Dans nos sociétés sans production, la lutte pour le contrôle de la richesse débouche sur une dissemination de la violence armée qui menace la sécurité publique. Selon le sociologue Jean Christophe Rufin « entre la délinquance qui est pure manifestation de violence pour acquérir un bien (par le vol, l’assassinat) et le clientélisme qui est une violence organisée des gros sur les petits pour assurer le contrôle du pouvoir et des richesses, la parenté est étroite ».

Face au relâchement des liens sociaux et dans la jungle urbaine qu’était devenue Port-au-Prince, beaucoup avaient choisi la sécurité au détriment de la loi. Mais maintenant qu’on revient progressivement à l’Etat de Droit et qu’on essaye péniblement de faire aboutir certaines enquêtes, seul un retour de la confiance dans les institutions peut provoquer un « désarmement mental » après des années de sauve qui peut.

Pour ce faire, il faut réprimer de manière exemplaire certes, mais aussi travailler à une meilleure cohésion sociale, se réappoprier ce pays comme un bien commun.

Je suis préocupé à chaque fois que nous procédons à des démobilisations sauvages de forces de sécurité. Nous l’avons fait avec légèreté en ce qui concerne l’armée d’Haïti. Puis à l’arrivée de l’O.N.U, on a renvoyé toutes les forces de sécurité avec armes et bagages, pour ensuite à travers des communiqués « puérils » demander qu’ils retournent armes et badges, on connait la suite....

Les américains se mordent les doigts pour avoir envoyé dans la nature, toute l’infrastructure de l’armée irakienne. Puisque nous parlons d’Irak, pensons à Bagdad, à l’affaire de la compagnie de sécurité «Black figther » aujourd’hui sous enquête pour bavures sanglantes.

Que je sache, il ne s’agit pas de cela dans le cas qui nous concerne à Port-au-Prince et qui implique producteurs et consommateurs de ce bien rare appelé « Sécurité ». On s’imagine que la sanction pourrait toucher les principaux concernés et ne pas s’étendre à toute la compagnie. Nonobstant les conséquences d’une mesure de cette ampleur sur plus d’un millier de salariés d’une entreprise qui n’a pas déclaré faillite, il demeure inquiétant de savoir qu’elle touche de manière indiscriminé un secteur devenu sensible pour la sécurité publique. On ne peut que souhaiter que la décision du parquet soit provisoire en attendant une enquête plus approfondie.

La question de la justesse de la justice se pose, encore une fois, dans ce cas comme dans d’autres.

Roody EDME

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« Le bateau ivre »

« Le bateau ivre »

L’école haïtienne est malade et ceci n’est pas une nouvelle. Elle souffre d’un grave problème de définition et son rôle et sa mission demeurent dans un flou artistique complet. Depuis que l’Etat lui-même est devenu fantomatique et cela ne date pas d’hier, l’école de la république n’est que l’ombre d’elle-même, une coquille vide sur les eaux démontées d’une société chaotique. Une usine dont la machinerie désuète est envahie par la houille et qui fabrique de la pacotille. Mais comparaison n’est pas raison, car dans le cas qui nous concerne il ne s’agit pas de produits textiles mais de filles et de fils à former comme nous le chantons chaque matin dans notre hymne nationale.

La question d’adapter l’école aux défis de l’heure dépasse nos frontières. Toute proportion gardée, la France elle aussi constate avec appréhension que l’illettrisme gagne du terrain et qu’environ 300.000 enfants arrivaient au Secondaire sans savoir bien lire. Un confrère du Nouvel Observateur notait que les dernières réformes introduites en cascade avaient accentué le mal-être et que les débats « théologiques entre méthode globale et méthode syllabique » étaient autant d’exercices en futilité par rapport à la réalité du terrain qui rappelle un véritable bourbier pédagogique. Dans l’Hexagone de plus en plus d’enfants écrivent dans une langue ponctuée « à la diable, bourrée d’abréviations venues du langage SMS ». Toujours selon l’enquête de nos confrères du Nouvel Obs. qui ont rencontré un large échantillon de professeurs du Primaire, les abréviations comme « A 12C4 » ou « TEOU » : lisez, t’es où ? font fortune et des enseignants croient que pour se faire entendre de leurs élèves, il faut dans certains quartiers parler « banlieues ». Le linguiste Alain Bentolila de passage chez nous, aux temps bénis de l’Institut Pédagogique Nationale a réalisé un diagnostic précis de la situation dans un ouvrage intitulé : « Urgence école : le droit d’apprendre, le devoir de transmettre ».

A Port-au-prince, lors d’une conférence à la Fondation Culture Création vendredi dernier, le poète Georges Castera se posait la question si les nombreuses transformations subies par le créole à la faveur des mutations sociales de ces dernières années et spécifiquement reflétées dans le Babel médiatique ne constituaient pas à terme une menace pour l’apprentissage d’une langue où l’on s’autorise toutes les libertés.

Au centre du débat gît la problématique de l’école haïtienne à construire au-delà de tout intégrisme linguistique dans le sens des intérêts bien compris de ce peuple, en s’éloignant des rives du folklorisme, du parler simplifié qui ferait plus « peuple ».

Dans ce contexte, la création du COSPE, un regroupement d’associations et de fédérations d’écoles privées qui se propose d’améliorer les offres en matière d’éducation et de participer dans un partenariat stratégique avec l’Etat d’Haïti au renouveau de l’école haïtienne est une initiative rafraîchissante. D’autant qu’il s’agit à en croire les assises du 4 Octobre dernier à El Rancho, de renforcer la gouvernance étatique, tout en assumant qu’un secteur privé réglementé et respectueux des normes ne peut qu’aider à la transformation d’un système éducatif devant être le socle de l’Etat Républicain.

Le philosophe Jacques Billard disait que l’école est à la nation ce que la constitution est à l’Etat : sa raison. Car en son fond en citant Platon, l’homme est une cité en réduction et la cité est un homme en grand.

Roody Edme

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Pathologie de l’Etat Faible.

Pathologie de l’Etat Faible.

La situation de notre pays continue d’attirer l’attention des chercheurs internationaux spécialement en ce qui concerne les échecs accumulés sur le plan de l’organisation de l’Etat et de l’instabilité permanente qui handicape tout projet de développement. J’ai le plus souvent tendance à me méfier de certaines études trop catégoriques dans leurs conclusions et souvent pontifiantes dans leurs considérations sur une réalité autrement plus complexe.

Certaines d’entre elles méritent cependant un débat sérieux, surtout quand elles nous invitent à nous détourner de la politique fiction pour comprendre profondément les tourments de cette nation qui ne finit pas de se déconstruire. C’est le cas de cette étude de Monsieur Lee Chance, un spécialiste américain des sciences sociales sur les facteurs aggravants de la crise haïtienne. Selon cet article publié par Alter presse, Haïti fait face à des risques internes que sont les crises politiques récurrentes et externes comme par exemple les catastrophes naturelles qui ne finissent pas de ruiner une économie déjà fortement marquée par la débilité. Le spécialiste américain invite à prendre en considération dans toute analyse de la situation haïtienne, la faiblesse du capital social, la longue méfiance qui caractérise les relations entre les groupes sociaux, les inégalités criantes facilement exploitables, c’est nous qui soulignons, par ceux qui font bon ménage des slogans faciles et trompeurs, ce qui fait que comme en Amérique Latine un certain populisme de droite comme de gauche à de l’avenir chez nous.

Ceux qui ont aujourd’hui la charge de ce pays dans l’exécutif comme au législatif doivent s’engager avant tout dans un processus de construction de la paix sociale à travers des politiques publiques résolument audacieuses qui desserreront progressivement l’étau de la pauvreté, ferment idéal de l’instabilité. Or c’est connu, une économie de guerre permanente ne saurait soulager les besoins d’une population en manque de l’essentiel. Lee Chance s’interroge si la paix sociale n’est pas prioritaire au développement dans le cas d’un pays si compulsivement agité. Nous dirons qu’il semble dans l’état d’urgence actuel qu’il faille s’efforcer d’atteindre les deux objectifs.

Pour cela, il nous faut entrer à tout prix dans l’âge du politique en sachant nous méfier du sensationnalisme et des « bri kouri » qui fragilisent l’ensemble du processus de reconstruction de l’Etat, d’autant que dans ce domaine comme dans un autre, l’instabilité permanente est devenue pour certains un moyen de réussir en politique.

Dans un pays encore vulnérable, la récente vague d’insécurité semble donner raison à ce spécialiste américain qui croit que les moments d’accalmie en Haïti ne servent qu’à s’abriter pour la prochaine vague. En frappant le simple citoyen comme le dirigeant politique, cette nouvelle forme d’insécurité même si elle est loin d’être généralisée ne devrait nullement être sous-estimée par les responsables nationaux et étrangers. Son impact psychologique risque d’avoir un effet de cumul dans les esprits ne serait-ce qu’en raison des traumatismes passés.

Dans ce contexte difficile ou le bateau menace à nouveau de prendre l’eau sous l’effet de catastrophes naturelles ou de chaos social plus ou moins annoncés. Les pouvoirs publics doivent redéfinir les priorités en se concentrant sur le combat titanesque contre la pauvreté, la résurgence vicieuse de l’insécurité et la dégradation accélérée de l’environnement que les maires avec leurs faibles moyens ne font que traiter en surface quand ils n’ont pas l’air tout bonnement d’abandonner devant l’ampleur de la tâche.

A ce propos, le débat actuel autour de la constitution est assez tonique pour une société en mal de définition de son avenir, mais il ne doit pas occulter les problèmes essentiels de survie de ce pays pour nous fait tomber dans un Babel juridique ou certains font assauts de mauvaise foi. Toute perversion du débat constitutionnel risque de faire le jeu des entrepreneurs de violence, or il semble que les énergies devraient se mobiliser sur comment construire enfin la paix sociale et faire reculer la pauvreté.

Toute chose qui passe par le fameux dialogue national et le pacte de gouvernabilité qui seraient les lieux les plus recommandés pour poser la problématique constitutionnelle. Sur cet important dossier de « peace building », nous faisons malheureusement preuve d’une paresse coupable.

Roody Edme

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Pour que les fruits tiennent la promesse des fleurs


Haïti a marqué quelques points dans le classement annuel du PNUD sur le développement humain. L’économiste Kesner Pharel relève que cette amélioration serait dû à la réduction de la mortalité infantile et à une amélioration de l’indicateur d’éducation qui est passé de 0,50 à 0,542.Le pays a en outre connu une croissance économique autour de 3% pour cette année et ici comme ailleurs on loue la politique macro-économique d’un gouvernement qui a le courage de poursuivre et de renforcer la politique d’austérité commencé sous l’administration de Monsieur Hervé Bazin.

En réduisant les gaspillages liés à une gabegie administrative dont L’Etat d’Haïti est coutumier depuis sa création, la nouvelle politique publique a le mérite de rendre plus serein le climat des affaires et de nettoyer quelque peu notre image de marque à l’extérieur.

Cependant tous ces chiffres n’envoient pas au marché, « mizè a red deyó a » et la pauvreté continue d’avilir la majorité de nos concitoyens. Il y a donc beaucoup à faire pour remettre ce pays « back in business » et relancer la production nationale, toute chose qui nous ferait rentrer dans la normalité économique et commencer à envisager l’avenir avec plus de sérénité.

Si le gouvernement gère avec prudence les finances publiques et c’est de bonne guerre, on déplore son manque d’audace dans bien de domaines, spécialement en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté qui tarde à se traduire dans les faits.Vous vous souvenez que dans ces colonnes, nous exprimions nos inquiétudes quant à un nouveau processus bureaucratique qui comme dans de nombreux pays avant nous a accouché de promesses vaines.

C’est un luxe de pays pauvre que de mobiliser ressources intellectuelles et matérielles dans des processus perpétuellement inachevés et qui de ce fait ont pour effet de ruiner le moral d’une population à qui on ne cesse de vanter les mérites de la participation. Combien de fois les a-t-on visités pour leur demander leur avis sur l’éducation, la pauvreté pour que quelques mois plus tard ils n’en entendent plus parler. Combien de caravanes sont passées dans nos bourgs et campagnes annoncer la bonne nouvelle du nouveau départ, recueillir les cahiers de doléances et disparaître dans la poussière de l’oubli.

La population attend des mesures mobilisatrices dans le registre du programme bolsa familia qui a donné au Brésil des résultats certains dans la lutte contre la précarité. Pourquoi ne pas prendre par exemple, sept milliard de gourdes dans les trente milliard de dollars de recettes douanières pour soutenir un programme semblable en santé et en éducation qui toucherait environ 2 millions de personnes m’a confié le responsable de notre section économique dans un brain storming sur les défis actuels d’Haïti. Ce programme d’investissement dans le social serait géré en toute transparence et devrait échapper à toute fin politicienne de courte vue. Avec pour seul horizon un renversement de la fatalité historique.

En tout cas, il faut agir dans le sens du relèvement du niveau de vie des plus démunis ne serait-ce que pour les reconnecter avec cet espace qu’ils ont tendance à fuir pour se faire rejeter et humilier sous d’autres cieux. Et d’ailleurs ce n’est pas seulement eux qui partent, l’espace haïtien continue dramatiquement à ne pas pouvoir retenir ses enfants chômeurs ou professionnels et ne pas offrir d’opportunités à ses millions de jeunes. On connaît le poids déstabilisant de l’espérance bafouée et de l’absence de perspective. Le plus grand danger c’est le retour à la routine et au plus que cela change plus c’est la même chose. Nos dirigeants dans les différends pouvoirs, car la responsabilité est collective, doivent travailler encore plus pour que la population perçoive mieux les signes d’un vrai changement. Avant que ne revienne nos saisons d’agitation stérile et le règne de « la discorde aux cent voix » qui feront gausser les uns et les autres sur les maux de ce « trouble country ».

Le momentum est pourtant là, Port-au-Prince redevient une cité fréquentable et la capitale d’Haïti s’est transformée ces derniers jours en une ville internationale recevant chaque semaine un colloque politique, scientifique ou littéraire. Les correspondants de la presse mondiale étaient partout dans les rues de la capitale n’ont pas pour débusquer des cadavres, mais pour redécouvrir la richesse culturelle de ce peuple étrangement résistant et encore debout malgré tout. Les principales lignes aériennes n’ont plus de place à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Ce 8 décembre des milliers de pèlerins de toutes les classes sociales ont marché sans crainte et tout de blanc vêtu, comme au temps de nos plus hautes espérances démocratiques. Dans un Bel Air serein, ils communiaient dans la foi mais aussi soufflait sur toute la ville un esprit de réconciliation et de paix que seul le développement économique peut garantir sur le long terme.

En attendant, dans les colonnes de ce journal nous maintiendrons la vigilance citoyenne dans une « impatience constructive » pour qu’enfin les fruits tiennent la promesse des fleurs.

Roody Edme