Ailleurs vu d'ici

Global Voices en Français

Monday, July 31, 2006

“ ASSEZ ” !

Lorsqu'est mort le philosophe Jean Paul Sartre, l'écrivain engagé qui descendait sur l'asphalte vendre le journal '' la cause du peuple'', ou qui était dans les rues de Bobigny, lors des fêtes de « l'huma » une des figures de proue de la militance intellectuelle ; on décréta la mort de l'intellectuel engagé. Mais on avait oublié un autre poids lourd de la pensée française, un historien de la mémoire oubliée, un homme qui campe derrière ses opinions : L'historien Pierre Vidal de Naquet, décédé ce samedi 29 juillet 2006. Son dernier geste a été de signer une pétition contre la guerre au Proche-Orient. Dans un texte publié cette semaine au titre ô combien évocateur, « Assez », il stigmatisait les derniers bombardements de l'armée israélienne et nous avertissait que le pire pouvait encore arriver. Dimanche 30 juillet, ce fut le drame tragique de Quana. Des bombes ensevelirent le village tout entier sous les feux d'une actualité qui ne brûlera plus sa conscience d'homme d'action. Pour cet historien spécialiste de la Grèce Antique, une fois les faits historiques révélés, le chercheur doit déposer sa lampe de témoin pour redevenir auteur, mettre la main à la patte de l'histoire et aider à conjurer les catastrophes humanitaires. L'agir est du domaine de l'humain qui peut imprimer un autre cours à l'histoire. Il y a quelque chose de Sartrien et de marxiste chez ce grand chercheur qui pourtant se méfiait des ''dieux mortels''. L'humanisme d'un Naquet tout comme celui de Sartre n'exclut pas l'idée d'un universel qui dépend des choix libres des hommes et varie historiquement. L'engagement est le mode d'existence de la liberté et de la responsabilité qui s'inscrit dans l'histoire. Naquet devait ainsi s'illustrer dans sa vie de plus de 70 ans, il fut un français contre la guerre d'Algérie, un juif contre les négationnistes des chambres à gaz, il fut selon le mot de Chateaubriand ''l'historien chargé de la vengeance des peuples''. Celui qui entra en histoire comme d'autres sont entrés en religion et qui plaida pour l'existence d'un État palestinien. Cet intellectuel, fils d'avocat Dreyfusard n'a pas voulu partir sans une dernière pétition à la vie et « aux frères humains qui vivront après lui ». Assez ! d'un spectacle sanglant qui n'est pas de la télé réalité.

Roody Edmé

Global Voices en Français

Les luttes persanes

L'ancienne Perse après avoir pendant environ six cent ans affronter victorieusement Rome connue sa première grande défaite face à l'invasion arabe à Hali , l'actuel Irak. Ce fut le début d'une arabisation d'un Empire qui n'a jamais renoncé à son hégémonie. C'est ainsi que l'islam se développa dans une société qui eu par la suite bien de périodes fastes.

Devenue l'Iran, ce pays à la civilisation plusieurs fois millénaire apparu après la seconde guerre mondiale sous les régimes de Mossadegh et de Reza Pahlavi comme le pays le plus moderne et le plus occidentalisé de l'Orient. En 1980, rentré de son exil français, l'Ayatollah Khomeiny établissait un régime théocratique à Téhéran, ce fut la République islamique d'Iran. De tous ces changements structurels survenus au cours du temps, une constante domine : l'Iran a toujours conservé sa tradition impériale et ses prétentions régionales.

C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre le bras de fer qui oppose aujourd'hui les iraniens aux occidentaux, à propos du nucléaire. Certes, on peut dire d'Ahmadjinedad qu'il est un mystique de la révolution, on sait que ses méthodes de gouvernement rigoristes ne font pas l'unanimité. Cependant, sur le dossier du nucléaire, il y a une sorte d'accord général dans la société iranienne. Un consensus autour du droit de l'Iran à enrichir de l'uranium dans un contexte international où personne n'ignore que les ressources en gaz naturel de la région ne sont pas éternelles. Mais soyons pas angéliques non plus, Téhéran même en ne l'avouant pas est intéressé à se doter de l'arme atomique ; une dissuasion que possède déjà des nations comme l'Inde, le Pakistan et l'ennemi déclaré Israël. Compte tenu de ses ambitions régionales historiques, l'Iran chiite n'est pas prête à renoncer au nucléaire civil mais aussi militaire. Dans une région où sont concentrées plus de 50% des réserves mondiales gazières, les calculs géostratégiques sont de la plus haute importance. D'autant plus que si le Proche-Orient est riche en gaz naturel, c'est aussi une zone aride qui souffre d'un flagrant déficit d'eau, et les tensions autour du précieux liquide montent déjà entre plusieurs pays de la région.

Dans un tel contexte, Téhéran se livre à se fond dans une partie de poker stratégique avec l'occident. Et, il détient quelques bonnes cartes. Les leaders de l'ancienne Perse savent par exemple, que Washington est entravé dans les décombres de sa politique étrangère en Irak pour ainsi faire monter les enchères autour du dossier du nucléaire. Et lorsqu'ils sont menacés de sanctions au conseil de sécurité, ils jouent sur la solidarité toute orientale des chinois et sur les frustrations d'un Poutine qui ne dort pas une nuit sans rêver de mener la vie dure aux américains.

Écoutons un peu les diplomates iraniens : La réponse aux dernières propositions européennes et américaines communiquées depuis le 6 juin sera donnée au mois d'août. Entre-temps, le Hezbollah attaque Israël qui réagit comme un éléphant dans un magasin de porcelaine et brise tout à Beyrouth et au sud Libanais.Toute victoire de tsahal dans des conditions matérielles et humaines couteuses risque d'être à la pyrhus et l'armée israelienne risque de devenir aussi puissante et solitaire que celle des Etats-Unis en Irak.. L'excès de force de Tsahal au Liban commence à embarrasser les Etats-Unis qui ont toujours eu pour l'État hébreu, les yeux de chimène. Sur les ruines d'un Liban déchiré peut pousser encore plus de radicalisme et cela, même si le Hezbollah est décapité. Si la provocation du Hezbollah est cynique, la réaction de Tsahal est on ne peut plus dévastatrice ! ''On a vu la vidéo, qui sortira le carton rouge ? '' la balle est dans le camp d'un conseil de sécurité divisé.

Roody Edmé

Global Voices en Français

Saturday, July 08, 2006

Ne touche pas a Zizou

Si Zidane avait dix ans en cette année de grâce 2006, il aurait pu être expulsé de France. En vertu, de la nouvelle loi sur l’immigration, les « sans papiers » ont jusqu'à la mi-août pour présenter aux préfectures le dossier scolaire de leurs enfants pour « études » et du coup, on annonce la fin du renouvellement automatique des permis de séjour. Cette situation a forcé des milliers de clandestins à sortir de leurs cachettes pour espérer faire partie des quelques élus de « l’immigration choisie ».

Tout a commencé, le jour ou un brillant politicien, lui-même fils d’immigré s’est érigé à un an de la campagne présidentielle en justicier impitoyable, combattant sans peur de l’immigration illégale. Alors des policiers sont entrés dans les écoles pour expulser des enfants vers leur pays d’origine.

Monsieur Sarkozy qui exploite à fond le mal être sécuritaire des français sait que ce faisant, il ratisse large dans l’électorat en se permettant même de chasser sur les terres boueuses de Jean Marie Lepen. Pourtant, l’homme est très intelligent et déroute ses adversaires par des initiatives audacieuses, comme par exemple ses gestes vis à vis de ce qu’il appelle «l’Islam de France». Voila un concept intégrateur qui s’oppose à celui de «l’Islam en France» et qui donne une belle image d’une France qui se veut plurielle.

Mais souvent, Monsieur Sarkozy est emporté par son élan et adore le profil «d’inspecteur Javert» qui part à la chasse des «misérables». Et les rafles dans les écoles de France rappellent à une partie de l’intelligentsia française, Vel d’Hiv, cette tâche sanguinolente dans l’histoire de France, sous le régime de Vichy. Une vieille femme qui a connu la guerre et les visites de la gestapo dans les écoles se souvient avec amertume de cette époque où l’on baissait les pantalons des petits garçons pour voir s’ils étaient circoncis, donc s’ils étaient juifs.

Un journaliste de RFI dissimulant son microphone a fait le tour de ces quelques préfectures ou se trouvaient des files d’attente interminables. Des gens attendaient depuis plus de vingt heures dans la chaleur d’un été peu clément. Beaucoup d’entre eux en espérant, mais ils savent leur sort déjà scellé, car la France veut réguler et de manière drastique cette déferlante migratoire qui menace l’authenticité française. Le comédien Francis Blanche avait avec humour dans un savoureux sketch évoqué l’histoire d’un homme expulsé d’un village parcequ’il venait manger le pain des français, la pénurie s’installa après son départ, parcequ’il était boulanger.

Heureusement que dans cette situation pour le moins dramatique, la France généreuse se mobilise, celle pour qui est mort Manouchian Missak, ouvrier arménien et chef d’un groupe de résistants arrêté et interné à la prison de Fresnes condamné à mort avec vingt-trois de ses camarades en février 1944., celle du vieil Hugo et du jeune Musset, la France qu’aimait chanter Jean Ferrat, celle des bataillons sénégalais de la seconde guerre mondiale, la France du réseau sans frontière pour l’éducation qui a mis en place une solidarité sans pareille autour des sans papiers. Toute une société civile mobilisée au nom des idées généreuses de 1789 et qui pense qu’à côté de la constitution française il y a quand même la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Dans toutes les villes de France se tisse un filet sans pareil de solidarité envers les enfants en situation illégale et leurs familles, une véritable chaine qui regroupe des hommes poltiques de toute tendance et qui donne une nouvelle vitalité à une société civile mobilisée depuis le CPE. La question migratoire n’est certes pas facile à adresser et porte même certaines sociétés à se redéfinir. A ce propos, je partage les vues du Dr Armatya Sen sur le multiculturalisme dans les sociétés européennes, l’intellectuel indien croit que le multiculturalisme ne doit pas signifier la seule défense des traditions et religions, dans une société démocratique « les cultures ne doivent pas se croiser comme des navires dans la nuit ». Or, face au danger réel du communautarisme, la solution n’est surement pas « de faire éclater des vies au visage de la République francaise ».Combien de petits Zidane, de Jamel Debbouze seront expulsés hors des frontières de France à l’instar de ce jeune étudiant en DEA Fatih Toualbi embarqué pour Tunis. Avec le concept d’immigration choisie, on invente une catégorie dorée d’immigrants versus une masse informe de citoyens de seconde zone expulsable à volonté. La France qui brille est Blanc-Black-Beur celle qui, a fait réver tout un pays pendant la coupe du monde même si elle a enlevé le sommeil à Jean Marie Le Pen. ZiZou, un Cid des temps modernes, tant ses gestes sur le terrain sont nimbés de classisisme ? Pour ma part, je pense que c’est plus que de l’art dramatique, c’est le foot-ball expliquant une société.A quelques jours du 14 juillet, nous saluons tous les enfants de la patrie de Sartre,Malreaux et Alexandra, cette étudiante d’origine Serbe aujourd’hui en cavale et caché par des citoyens du réseau de solidarité, pour elle,nous souhaitons plus de tolérance et un vrai jour de gloire.