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Global Voices en Français

Tuesday, February 21, 2006

Ségolène Royal : Une femme à L’Élysée


Il y a un an, la France n’avait des yeux que pour Nicolas Sarkozy. Un petit homme d’énergie et d’action qui dominait le hit parade des hommes politiques les plus vus de France.

Il n’y a pas de doute, Sarko avait le mot sur tout et un battant qui, déroutait ses contradicteurs politiciens ou journalistes. Alain Duhamel a eu avec lui quelques intéressantes "passe d’armes" sur les écrans de France Télévision. Et puis, les difficultés ont commencé et son rival au sein de l’U.M.P, le parti qu’il dirige, l’actuel Premier ministre Dominique de Villepin a lentement mais sûrement rejoint le « petit » Nicolas en tête de la course à l’Élysée. Une course d’hommes, véritable chasse à courre, sous l’œil tantôt inquiet ou bienveillant d’un vieux "sumotori", Jacques Chirac. Dans cette compétition en vue des présidentielles, la droite française paraissait tout à fait hégémonique et, les deux plus médiatiques hommes politiques de France se comptaient dans ses rangs.

Et puis vient le congrès du Mans du parti socialiste, un parti qui semblait à la traîne, en perte de vitesse, à la recherche d’un homme providentiel capable de galvaniser le peuple de gauche et de refonder le contrat social français, sérieusement mis à mal par la crise des banlieux. On attendait un homme, c’est une femme qui vint bouleverser toutes les données. Et le comble, elle est même très populaire hors de son parti.

Et ce n’est pas une hyperbole de dire qu’elle est la femme politique français, la plus populaire depuis Jeanne D’arc.

Pourtant, elle n’est pas une nouvelle venue, déjà en 1997 elle comptait 52% d’opinions positives dans le baromètre « Figaro – Sofrès, si elle ne dépasse pas encore un Bernard Kouchner, on n’atteint pas encore chez les jeunes la popularité d’un Jack Lang, n’empêche qu’elle est considérée comme la plus présidentielle à gauche avec 29% des intentions de vote.

Beaucoup de femmes et d’hommes verraient d’un bon œil, cette séduisante femme de 52 ans incarnée le renouveau du parti socialiste.

D’où vient qu’elle soit la femme politique préférée des français de droite comme de gauche, devant l’actuelle ministre de la défense, la compétente Michèle Alliot-Marie où la brillante député socialiste et ancienne ministre, Martine Aubry ? La vérité est que Ségolène Royal a réalisé une parfaite synthèse entre sa vie de couple, de mère et de femme politique. Les journalistes du nouvel Observateur se souviennent de son passage au ministère de l’Éducation Nationale, travaillant fort tard à son bureau et supervisant en même temps le travail scolaire de sa fille.

Cette femme qui se laisse volontiers conduire en voiture par son compagnon François Hollande, secrétaire du parti socialiste, ne semble souffrir d’aucun complexe, son féminisme et même sa féminité ne sont guère affichés, mais transpirent de sa personnalité qui impose le respect à tous. François Mitterrand, son mentor politique l’affectionnait beaucoup et était enchanté de sa compétence. Il faut dire que cette fille de militaire a un sens poussé de la rigueur et de la discipline, tout en étant très ouverte sur le plan des idées d’avant-garde. N’est-ce pas elle qui s’est battue pour imposer la distribution de la pilule du lendemain dans les lycées ? La nouvelle égérie du parti socialiste fait partie de ces "nouveaux" leaders politiques à l’allure simple et de proximité, à la mode en Amérique Latine, et ailleurs.

Si on lui reconnaît en look populaire qui sied bien à un leader de gauche, certain de ses détracteurs ricanent à propos de sa timidité à aborder certains sujets de l’actualité mondiale. Mais n’est-ce pas ce mélange d’audace et de mystère qui fait le charme royal de Ségolène.

Roody Edmé

Global Voices en Français

Tuesday, February 07, 2006

Le Hamas est-il soluble dans la Démocratie ?


Une véritable « houle » dévale les rues de Gaza et de Ramallah. Des milliers de Képi, de fanions aux couleurs du Hamas, pour fêter la surprenante victoire d’un des groupes les plus radicaux de la résistance palestinienne. Au milieu de cette foule compacte, vêtue de vert, des commandos encagoulés font crépiter dans l’air, leurs mitrailleuses. Une ambiance de joie, mais tout de même teintée de menaces et d’incertitudes à donner froid dans le dos aux spécialistes étrangers du Proche-Orient.

Dans de nombreuses capitales du monde, l’étonnement le dispute à la désolation. L’autorité palestinienne risque pour la première fois, depuis quarante ans, d’échapper au Fatah, et passer sans le contrôle d’une organisation classée terroriste dans les carnets des chancelleries américaine et européenne.

Comme à l’accoutumée, dans de pareille circonstance, l’Amérique sort son arme habituelle, l’aide économique sera réduite, si, le Hamas contrôle le nouveau gouvernement. Dans les milieux autorisés à Tel Aviv comme à Washington, c’est l’heure des bilans ; les services secrets ont-ils été encore une fois pris de cours par cette victoire ? En fait, ils se sont contentés de lire les sondages comme le commun des citoyens. Mais rétorque un spécialiste de la question, « le meilleur service de renseignement ne peut tout prévoir des paramètres d’une élection. »

On savait que le Fatah pouvait être dans l’obligation de former un gouvernement minoritaire, mais de là à ce « tsunami vert » qui risque de prolonger, ce que les américains appellent, l’axe politique du "mal" de Damas à Téhéran pour arriver aujourd’hui à l’autorité palestinienne, il y a un fossé que les spécialistes occidentaux n’osaient plus franchir. Ce à quoi, les dirigeants du Hamas répondent : « Le Monde a mis en avant le slogan de la démocratie, si vous voulez punir le peuple palestinien de l’avoir exercé, qui osera punir le peuple américain d’avoir choisi le président Bush ».

Une rhétorique qui annonce à "fleurets mouchetés", la nouvelle polarisation qui risque d’enflammer une région, véritable nœud gordien, de conflits qui essaiment la planète. Qu’est-ce qui a bien pu faire basculer le peuple palestinien dans les bras des intégristes ? « Depuis dix ans, l’Autorité palestinienne a été incapable de construire les fondations saines d’un État » déclare un responsable en pleine autocritique. Le Fatah a vu quelques uns des membres de son appareil politique s’enrichir en détriment de la cause du peuple palestinien. Bien que représentant la meilleure chance pour la paix, l’organisation a laissé s’éroder sa crédibilité sur le plan de sa gestion de l’aide internationale dont l’Union Européenne est la principale contributrice. A l’opposé, le Hamas a su administrer avec vigueur les quelques zones placées sous sons contrôle, le rigorisme religieux aidant, « les hommes en vert » ont su fournir des services à une population qui a un urgent besoin de satisfaire ses besoins essentiels. L’apparente vertu révolutionnaire du Hamas à engrangé des bénéfices politiques qui aujourd’hui, culminent avec leur écrasante victoire aux législatives du week-end dernier.

Mais le Fatah n’a pas non plus été très aidé par la communauté internationale, les modérés de l’organisation ont tout le temps forcé à des concessions sans grande contrepartie de l’autre camp. Les Etats-Unis fournissent à Israël une aide civile et militaire supérieure à 3 milliards de dollars l’an. Bien que n’étant pas un pays sous-développé, l’État hébreux figure en tête de liste de l’aide étrangère américaine. Et fait unique dans les relations internationales, le protégé se sent indépendant de son protecteur. Les Etats-Unis considèrent Israël comme leur "fille aînée" dans la région et l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme. Il faut ajouter au drame du Fatah, la construction du mur de sécurité par l’armée Israélienne, le retrait unilatéral, sans négociation, décidé par Sharon humiliant au passage L’autorité palestinienne.

La situation se complique pour le monde : la résistance palestinienne au bord de l’éclatement, Israël, forteresse assiégée qui craint légitimement un chaos à ses frontières, l’occident qui voudrait bien d’un État palestinien, mais qui passe tout à Israël, à cause du complexe de la Shoah (massacre des juifs) et, un vieux général endormi que tout ce bruit ne semble déranger.

Roody Edmé