L’autre Afrique
L’autre Afrique
Au moment où s’ouvre à Berlin le sommet UE-Afrique, la presse occidentale se passionne pour un continent qui offre désormais l’image d’une vitalité certaine. Le continent noir n’est plus présenté comme le lieu géographique du sous-développement et des pandémies, mais dans une approche plus nuancée, s’étale à longueur des journaux européens les performances de certains pays comme le Ghana, le Nigeria et même l’Angola producteur de pétrole et d’or qui fait un retour remarqué après trois décennies de guerre civile.
Nathalie Funès, envoyée spéciale du Nouvel Obs. au Ghana avoue être particulièrement impressionnée par la nouvelle santé économique de ce pays en passe d’être une des locomotives de l’Afrique. Les villes du pays sont de véritables chantiers et de partout poussent des hôtels grand luxe et des tours de commerce, témoins d’une croissance économique incontestable.
La croissance économique pour l’ensemble du continent aurait frôlé les 7% en 2007 et le taux d’inflation est désormais au plus bas. Les déficits budgétaires dans la plupart des pays sont contrôlés présentant par ainsi une autre image de certains pays du continent sur le plan de la gouvernance politique et économique.
Ce qui fait que beaucoup d’investisseurs européens débarquent en Afrique et les Etats-Unis qui en faisaient une affaire européenne commencent sérieusement à s’intéresser à l’impact éventuel du terrorisme dans une région qui intéresse pour ses immenses réserves pétrolières et de gaz. La Chine a déjà précédé les autres puissances de la planète dans la course à la séduction de ce continent laissé pour compte depuis la fin de la guerre froide et qui est en passe de devenir aussi prometteuse que l’Asie sur le long terme.
Bien sûr on est encore loin de la truculente fiction du romancier Wabery sur les Etats-Unis d’Afrique et il y a encore 300millions de pauvres là-bas. Mais force est de reconnaître avec un des vice-présidents de la banque Mondiale que l’Afrique est un continent en pleine en ébullition avec des progrès remarquables dans des domaines aussi stratégiques que la santé et l’éducation.
Selon la correspondance de Nathalie Funès intitulée « Le jour ou l’Afrique s’éveillera », le taux de croissance de l’Angola dopée par le pétrole aurait atteint les 26%.Tandis qu’au Ghana en plus d’une gouvernance moderne des institutions étatiques, émerge un secteur privé bien pourvu en capitaines d’industries, femmes et hommes qui partent à la conquête des marchés européens. « La compagnie Blue skies envoie 20 tonnes d’ananas et de mangues dans les monoprix français et les Mark and spencers britanniques ». La classe moyenne Ghanéenne dynamique et de plus en plus élargie est un grand marché interne pour une économie qui ne cesse de croître.
Parallèlement au pays des Bafana Bafana, lisez l’Afrique du Sud, un lourd programme d’investissements a déjà transformé la ville de joanesbourg qui se prépare à frapper un grand coup à l’occasion de la coupe du monde 2010.
Mais le continent noir en dépit de ce nouveau dynamisme souffre encore de ses plaies béantes que sont le Darfour et les quelques régimes peu fréquentables qui bloquent son élan vers le développement. Et demeure selon Richard Banégas de l’Université Paris-1-panthéon-Sorbone : « un laboratoire de la gestion des crises ou s’éprouvent des dispositifs d’intervention militaire et de reconstruction post-conflit ».
Quoiqu’il en soit le continent est aujourd’hui l’enjeu de nouvelles relations internationales et présente des mutations qui augurent un nouveau rôle à l’échelle de la planète. L’un des thèmes en débat dans les ateliers du sommet UE-Afrique porte le titre combien évocateur : « Africa measuring the pulse ».
Roody Edme